Farida se gare devant l'immeuble de ses parents. Elle rentrait d'une mission dans le sud du pays, et reconnaît que ces quelques jours qu'elle venait de passer dans le désert en compagnie de quelques collègues, lui avaient fait le plus grand bien. Malgré une fatigue nerveuse, cumulée avant son départ, elle ressentait une agréable autosatisfaction et cette sensation du devoir accompli, qui la remplissait d'aise. La base qu'elle avait visitée était des plus importantes et représentait, à elle seule, un bon repère d'exploitation de produits pétroliers. Elle avait pris des notes, qu'elle exploitera plus tard pour en faire une synthèse et établir un compte rendu de mission. Ses collègues avaient suivi chacun sa feuille de route, et ne semblaient pas mécontents de leur escapade professionnelle. Elle descend de son véhicule et s'étire. Le voyage de trois heures dans l'avion l'avait quelque peu engourdie. Elle devrait prendre un bain chaud et faire un petit somme. Un coup d'œil à sa montre-bracelet lui apprendra que l'après-midi était déjà bien avancé. Tant pis, elle annulera son rendez-vous avec son fiancé pour ce soir. Il n'aura qu'à reporter leur dîner pour le lendemain. Elle s'étire encore puis prend son sac dans la malle et ferme son véhicule, avant de se ruer dans l'immeuble et de monter les escaliers quatre à quatre. Une heure plus tard, elle dormait profondément dans son lit. Les cris d'un vendeur de poisson, la tirèrent au petit matin de son sommeil. Elle ouvre les yeux et fronce les sourcils. Il était encore trop tôt pour se lever. Elle soupire : que vient donc faire ce poissonnier à cette heure matinale ? Elle grimace en entendant sa mère ouvrir la fenêtre et le héler pour acheter de la sardine et des crevettes. Quelques minutes plus tard, la sonnerie de la porte d'entrée retentit. Un petit voisin livre le poisson et encaisse l'argent. Farida ébauche un sourire. Sa mère savait s'y prendre avec tout le monde. Elle était celle qui gérait la maison d'une main de maître, et ne laissait personne piétiner son territoire. C'est elle qui s'occupait des courses, du menu quotidien et de toutes les affaires familiales, du moins celles qui lui revenaient de droit, comme elle aimait à le répéter en plissant les yeux, comme pour les énumérer. La jeune femme saute de son lit et tire les rideaux de sa fenêtre. Un soleil éblouissant avait entamé son ascension. Que ne donnerait-elle pas pour aller faire une promenade en rase compagne et se dégourdir un peu les jambes mais une longue journée l'attendait. Elle doit se rendre au bureau et assister au briefing, avant d'établir son compte rendu de mission, et puis, ce soir, elle se rendra à son rendez-vous, raté la veille, et dînera avec Merouane. Elle ferme les yeux et soupire. Son fiancé voulait un mariage hâtif, mais elle y était opposée. Pourquoi s'enrôler dans l'aventure conjugale à peine fiancés ? (À SUIVRE) Y. H.