Le Syndicat des chercheurs hospitalo-universitaires (Snechu) menace de geler les activités pédagogiques (enseignements et examens d'évaluation) de graduation ou de post-graduation, à travers les 13 facultés de médecine du pays, et ce, à compter du 29 avril prochain, pour obtenir la satisfaction des revendications socioprofessionnelles des 4200 maîtres assistants, maîtres de conférences et les professeurs. Le Pr Ouahioune Wahiba, présidente du bureau national, qui a animé une conférence de presse hier à l'hôpital Mustapha, a précisé que la durée de cette grève sera conditionnée par la réponse de la tutelle aux revendications soulevées, mais que dans une deuxième phase, cela devrait toucher l'activité hospitalière. Accompagnée de membres de son bureau national, elle a rappelé que son syndicat a eu recours à la grève après avoir "favorisé le dialogue et tenu des réunions avec notre tutelle (...)". "Malheureusement, toutes ces réunions se sont soldées par des promesses sans aucune concrétisation sur le terrain", a-t-elle ajouté. Rappelant les principaux points soulevés par le syndicat dans sa plateforme, il y a plus de 2 ans, la présidente du Snechu a insisté sur la nécessité de révision du statut de l'enseignant chercheur, qui date de 10 ans, et dont "plusieurs points ne répondent plus à la carrière de l'hospitalo-universitaire". Elle a argué que la révision du statut "va permettre surtout de réparer une injustice dont sont victimes les maîtres assistants, lesquels constituent plus de 3/4 de la corporation des hospitalo-universitaires, et qui sont classés dans une catégorie qui ne répond pas à leur valeur exacte". Le Snechu revendique, également, la révision de l'indemnité hospitalière qu'elle a qualifiée de "prime de la honte", en expliquant que les hospitalo-universitaires sont "sous-payés" pour les activités hospitalières par rapport aux autres collègues de la santé publique et les généralistes. Les 4 200 hospitalo-universitaires réclament aussi une "retraite digne", a affirmé l'oratrice, estimant qu'"il n'est pas normal qu'un professeur arrive en fin de carrière avec une retraite de 55%". Le quatrième point concerne "les collègues des sciences fondamentales", notamment les anatomistes, qui sont aussi victimes de "marginalisation". Outre le droit à une journée pédagogique et davantage de vacances, les hospitalo-universitaires réclament la reconduction du droit à des activités lucratives, qui "avaient été gelées verbalement". Soit le droit d'exercer les week-ends et les jours fériés, en dehors des heures de travail, dans le privé. "Ceci est destiné à permettre de garder les chercheurs dans le public", dit-elle, avant de tirer la sonnette d'alarme : "Il y a beaucoup d'enseignants chercheurs hospitalo-universitaires qui sont en train de démissionner pour partir dans le privé." Et "nous sommes en train de perdre des compétences au profit de l'étranger (la France, l'Allemagne, le Qatar)". Elle appelle, cependant, à mettre des garde-fous aux activités complémentaires. Car, dit-elle, "donner deux après-midis aux praticiens pour travailler dans le privé a donné lieu à beaucoup de dérapages". S'agissant enfin de la loi sanitaire, le Pr Ouahioune rappelle avoir été invitée par la commission de la santé à l'APN et avoir remis un document contenant des propositions. Celles-ci portent sur la mise en place d'une haute autorité de la santé, la contractualisation et un audit sur l'exercice du service civil et la dépénalisation de l'acte médical, pour que cette loi sanitaire ne devienne pas "un code pénal bis". AMAR RAFA [email protected]