Pour la première responsable du PT, il y a volonté de "maquiller les résultats catastrophiques de ces dernières années par des réalisations anciennes". La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, qui s'est abstenue jusque-là de commenter l'opération portant bilan des quatre mandatures du président Abdelaziz Bouteflika, à laquelle travaille le front de libération nationale (FLN), a fini par s'y mettre. Animant une rencontre des cadres du parti des wilayas du Centre, hier, à Alger, elle a osé le commentaire : "C'est une démarche étrange. Ould Abbes et Ouyahia s'agitent de la sorte pour maquiller les résultats catastrophiques de ces dernières années par des réalisations anciennes." Louisa Hanoune, qui clôturait ainsi une série de rencontres régionales, toutes dédiées au seul objectif de travailler l'homogénéité du discours parmi les militants, toujours dans le cadre de la campagne de récolte d'un million de signatures pour la convocation d'une assemblée constituante, reste catégorique : "Le système politique actuel est incapable d'apporter des solutions. Il a atteint sa date de péremption. Il est même devenu un danger pour le payer. Il faut absolument aller vers une refondation institutionnelle." Et la SG du PT ne manque pas d'arguments à ce propos. Elle considère même que son parti a "une vision plus large", "une stratégie prospective et anticipative", étant donné la conjoncture nationale et internationale. "Les guerres menées par l'impérialisme déchirent les nations. Des groupes terroristes et des foyers de Daech sont protégés par l'impérialisme en Syrie. Les priorités et les défis de l'heure veulent que nous immunisions notre pays. Et cela ne se fait pas avec des slogans creux. Il y a lieu de mettre fin à la politique d'austérité, au viol des libertés démocratiques, à la dilapidation des deniers publics... Il y a lieu de donner la parole au peuple pour qu'il définisse ses institutions et son système de gouvernance, c'est ainsi que sa souveraineté sera totale." Pour Louisa Hanoune, les réformes engagées en 2011 par le président Abdelaziz Bouteflika ont "échoué", et "ont été vidées de leur sens politique par les députés de la majorité au Parlement". Ce pourquoi elle considère que le seul moyen à même d'assurer "une justice indépendante, des élections libres et transparentes, des instruments fiables pour le contrôle de l'argent du contribuable... est le recours à une Assemblée constituante". "Ouyahia veut maintenir le statu quo jusqu'en 2022" Louisa Hanoune s'est montrée fortement outrée par les récentes déclarations du Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Pour elle, parler de cinq ans de financement interne non conventionnel relève de la "provocation". "Cela veut dire qu'il n'y aura aucun changement et que les choses vont demeurer en l'état jusqu'en 2022... dans le plus grand mépris de la volonté et de la souveraineté populaires. Cela veut dire aussi que ni la prochaine présidentielle ni les prochaines législatives ne vont apporter le changement", a-t-elle martelé. La SG du PT a estimé, à ce propos, que le décret exécutif n°18-86 du 5 mars 2018 portant mécanisme de suivi des mesures et réformes structurelles dans le cadre de la mise en œuvre du financement non conventionnel (la planche à billets), était une "grande faveur aux oligarques", et un "programme électoral prématuré". "Les subventions ciblées ça n'a jamais réussi dans aucun pays. Ce système comporte beaucoup de dysfonctionnements...", a-t-elle enfin tranché. Mehdi Mehenni