L'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) tente d'innover, cette année, à l'occasion de la Journée internationale du travail, avec un slogan souverainiste. La souveraineté économique et la promotion de la production nationale est le thème retenu pour cette célébration. "Conscients de cet enjeu, les travailleuses et les travailleurs sont mobilisés et solidaires pour porter la promotion de l'industrie nationale, moteur de la production nationale, facteur de création d'emplois et d'amélioration du pouvoir d'achat", est-il indiqué dans un communiqué de la Centrale syndicale. Par-delà cette littérature syndicale par laquelle l'UGTA redécouvre opportunément son véritable combat, il n'en demeure pas moins qu'elle reste fidèle à son profil historique d'organisation de masse, un instrument au service du système politique. Et depuis l'arrivée du président Bouteflika, elle s'est complètement écartée de son rôle pour se mettre exclusivement à son service et défendre avec zèle et hargne ses orientations, quand bien même elles touchent directement le monde du travail. Des choix économiques qui ont conduit à la crise actuelle et que, paradoxalement, l'UGTA arrive à trouver des arguments pour lui apporter et justifier son soutien inconditionnel. Le temps passant, la Centrale syndicale s'est délestée de son rôle et, sur le chemin, d'un grand nombre de ses adhérents et de secteurs où elle n'est plus présente, supplantée par les syndicats autonomes. Ces syndicats qu'elle vilipende et critique plus que leurs employeurs quand ils entreprennent des actions de protestation. Sous Sidi-Saïd, l'UGTA a subi une terrible métamorphose ; elle s'est davantage bureaucratisée avant de s'arrimer au patronat, au secteur privé dans lequel elle n'est même pas représentée. Et dont elle défend ouvertement les intérêts. Elle s'est même permis de signer un pacte avec le patronat et le gouvernement par lequel elle s'enferre et se condamne dans un engagement à ne rien revendiquer du moment que tout mouvement ou action est exclu selon le document signé par Sidi-Saïd. Réduit à un appareil, l'UGTA s'est définitivement éloignée de ses missions pour se consacrer à la politique, alors que plusieurs de ses cadres sont militants dans les partis politiques et sont élus. Aussi, survit-elle par la grâce du soutien au pouvoir qui en a fait son seul partenaire social lors des consultations ou de la tripartite. Lui sert-elle, en retour, de caution pour faire passer ses mesures antisociales ? C'est ce qui explique la longévité de Sidi-Saïd à sa tête et sa résistance à ses adversaires qui ont essayé de le débarquer. Mais la base ne cache plus son hostilité à la démarche de Sidi-Saïd même si elle ne dispose pas de moyens efficaces pour faire entendre sa voix et peser pour rétablir la trajectoire de l'UGTA. Cette perspective est, cependant, irréversible parce que l'UGTA a depuis longtemps déserté le monde du travail et Sidi-Saïd se soucie plus particulièrement, en ce moment, du 5e mandat de Bouteflika, que du pouvoir d'achat des travailleurs algériens. Djilali B.