Il s'agit là de deux prénoms, certes vieillis, mais encore utilisés en Algérie et dans les autres pays du Maghreb. Bien qu'ils dérivent de l'arabe, ils sont inconnus en Orient. Le masculin Mahdjoubi comme son pendant féminin, Mahdjouba, proviennent du verbe hadjaba "cacher, dérober aux yeux, masquer", par extension "éloigner, interdire l'accès", de là vient le mot hidjab "voile pour dissimuler". Le mot mahdjoubi vient du classique mahdjoub "caché, masqué, dérobé aux regards" et par extension "préservé des regards indiscrets, donc du mauvais œil, de la maladie etc.". Son féminin mahdjouba a le sens de "cachée, dissimulée aux regards indiscrets", donc "préservée", et le dialectal, mahdjouba "fille célibataire que l'on dissimule aux yeux des hommes". Ces deux prénoms sont, en Algérie, des prénoms prophylactiques, destinés à préserver celui ou celle qui le porte du mauvais-œil. D'ailleurs, le talisman porte en Algérie le nom de h'idjab "objet qui protège, qui éloigne le mauvais œil". Le talisman est un objet qui possède des vertus magiques ou plutôt auquel on attribue des vertus magiques. Le mot est d'origine arabe, tilisman, (en dialectal maghrébin t'elsem) et il est passé dans les langues européennes par l'intermédiaire du grec telesma. Les musulmans étaient passés maîtres, au Moyen Âge, de la fabrication des talismans, et les talismans rédigés en langue arabe étaient très recherchés. Au Maghreb, on a pris l'habitude de placer les images des animaux qu'on voulait combattre dans les maisons. Dans l'antiquité déjà, les Carthaginois enfouissaient sous les maisons les images en métal des scorpions pour protéger les habitations de ces animaux. On utilisait parfois l'animal même comme antidote contre le mal. En principe, tout objet peut devenir amulette mais à condition d'être affecté d'un symbole qui en fait un objet protecteur. Ainsi, un petit galet n'est qu'un galet mais si on le perce et qu'on le porte en collier autour du cou, il devient amulette. Parfois, c'est la forme inhabituelle de l'objet (par exemple un galet rond) ou sa couleur (le rouge, symbole de vie) qui vont lui donner toute sa force magique. D'autres produits sont fréquemment utilisés comme amulettes : on connaît l'ambre (ânbar) que l'on taille en petites perles et que l'on porte, enfilées, en collier. C'est, dans certaines régions d'Algérie, le skhab, grand collier, avec des perles d'ambre et, au centre, un pendentif en or. M. A. Haddadou [email protected]