Le Français Pierre Jolivet a présenté, hier, “Zim and Co”, film sur le quotidien et la solidarité des jeunes des banlieues dans l'Hexagone. Hier, il n'y a pas eu que Sharon Stone et Bill Murray, archifavoris pour la Palme d'or avec Broken Flowers de Jim Jarmush (auteur de Gost Dog), à s'afficher sur la Croisette. Il y aura aussi les “Black, Blancs, Beur”. Le slogan mis brièvement à la mode lors de la victoire de la France à la Coupe du monde de football a été repris au goût cinématographique. Après les minimalistes mais très réussis L'esquive et La blessure des jeunes réalisateurs et Nicolas Klotz, la banlieue, avec ses problèmes et son dur quotidien, est reprise dans Zim and co (la caisse) de Pierre Jolivet, sélectionné dans “Un certain regard”. En 1 heure 20 minutes, l'ancien acteur, désormais passé derrière la caméra, veut tordre le coup aux préjugés et au communautarisme ambiant dans la société française. “Il voulait faire un film sur les jeunes qui, sans études supérieures, ont du mal à démarrer dans la vie”, explique Adrien, son fils et aussi héros du film. “Moi et mes copains de lycée, nous lui rappelions ses 18 ans, quand il a quitté Maison-Alfort pour pouvoir travailler. Ses problèmes ressemblaient beaucoup aux nôtres, sauf que la société d'aujourd'hui est bizarre : il y a le sida, pas de boulot et pourtant, il faut continuer d'avancer. Mon père voulait aussi dire m… à tous les films sur les banlieues qui alignent les clichés. Il voulait parler des 95% de gens normaux qui habitent hors de Paris mais qui n'intéressent pas car ils ne brûlent pas les voitures.” Dans le film, Zim, 20 ans, qui risque la prison s'il ne trouve pas rapidement du travail, est choisi pour un poste de chauffeur de taxi… sans posséder de permis. Seule solution : la débrouille et le soutien de ses potes, cheb l'Arabe, Arthur le Black. Un hymne à la solidarité reflétant la réalité des “quartiers”, dénonçant le racisme et la discrimination, tirant un portrait à la fois inquiétant et encourageant de tout un pan de la vie française, tout en gardant un ton léger et plein d'humour. Dans la continuité de Ma petite entreprise, où Pierre Jolivet, dans cette autre comédie sociale, évoquait le quotidien d'un patron de PME en France. “Un mélange de comédie à l'italienne et d'ambiance banlieue à l'anglaise”, dit Adrien Jolivet. Outre l'occasion de découvrir le fils de son père qui s'est pourtant construit tout seul avant d'avoir droit à ce coup de pouce familial, le film est la deuxième apparition à l'écran de Mahmed Arezki, acteur d'origine algérienne vu dans Lovely Rita et primé au festival de Bellefaye pour son interprétation dans le court-métrage Roue libre. En attendant, ce sont deux monstres sacrés qui ont eu, hier, les honneurs de la sélection officielle : David Cronenberg et Lars Von Trier. Le premier, deux fois sélectionné auparavant, revient avec A history of violence, histoire d'un harcèlement d'un inconnu par des malfrats le prenant pour un autre et tiré d'une bande dessinée. “Derrière le thème principal se profile des choses, beaucoup plus troublantes, dérangeantes. C'est un thriller intéressant parce qu'atypique. Les enjeux ne sont pas aussi basiques que l'intrigue principale peut laisser le supposer”, a expliqué le président du jury 1999. Le second, Palme d'or 2000 avec Dancing in the dark, proposait, lui, le second volet de la trilogie commencée avec Dogville. En utilisant à nouveau l'unité de lieu, il emmène, cette fois-ci, le spectateur dans une plantation d'Alabama, où l'esclavage des Noirs a été remis au goût du jour. L'héroïne (Bryce Dallas Howard) va tenter de faire changer les choses. C'est à Monderlay, titre du film. N. L. G.