L'atteinte à la sacralité de la religion musulmane est-elle érigée en règle par les soldats US, dont le manque de respect aux mosquées et au livre saint du Coran ne cesse de se renouveler ? Si jusque-là les profanations du Coran s'étaient limitées aux prisons américaines regorgeant de prisonniers de guerre, cette fois-ci il s'agit d'un dépassement inexcusable dans la mosquée Al-Qods, située dans la région de Bou Fradj, au sud de la ville irakienne de Ramadi, à l'ouest de Bagdad. À en croire les témoignages publiés hier par la revue égyptienne El-Ousboue, des soldats américains se sont adonnés à des pratiques inadmissibles à l'intérieur de l'enceinte de ce lieu du culte musulman. Cela s'est passé vers trois heures du matin alors que le muezzin de la mosquée s'apprêtait à lancer l'appel à la prière de l'aube. À ce moment, des militaires US ont violé la sacralité de la mosquée, y pénétrant de force, chaussés de leurs godasses sales. Ils se sont ensuite pris aux fidèles venus accomplir le devoir de la prière et à l'imam. Ce dernier en aurait vu de toutes les couleurs, lorsque des soldats se sont mis à le tirer par la barbichette devant tous les présents. Les fidèles ont dû alors intervenir à mains nues pour défendre leur imam. Dans un coin de la mosquée se trouve un petit meuble où étaient entreposés des livres saints du Coran, que consultent les visiteurs avant l'accomplissement de la prière. L'apercevant, un soldat s'y dirige et commence à déchirer les feuilles des livres et à les jeter par terre. Apparemment peu satisfait de ses actes, il a entrepris de dessiner de grandes croix sur les couvertures du Coran. Il s'est ensuite retourné vers la place qu'occupe l'imam pour effectuer la prière devant tous les fidèles, où il s'est mis à dessiner sur les murs d'autres signes de la croix devant les nombreux Irakiens terrorisés par les armes tournées vers eux par les autres bidasses américains. Des larmes chaudes et silencieuses coulaient sur les joues des fidèles impuissants, selon les témoignages. La section locale des Oulémas sunnites a publié un communiqué dans lequel elle condamne énergiquement les actions barbares des soldats US à l'intérieur de la mosquée Al-Qods. Cette nouvelle atteinte aux croyances des musulmans et à leurs lieux saints intervient au moment où l'Administration Bush cherche à apaiser la tension à la suite de la divulgation des scandales de tortures de prisonniers à Abou Ghraïb (Irak) et Bagram (Afghanistan) auxquels est venue se greffer l'histoire de la profanation du Coran dans la base militaire américaine de Guantanamo à Cuba. Les excuses du Newsweek, qui s'est désavouée en remettant en cause la véracité des faits rapportés, n'ont guère convaincu. L'affaire des photos humiliantes de Saddam Hussein dans sa cellule publiées par le quotidien britannique The Sun a rajouté de l'huile sur le feu de la haine que voue désormais le monde musulman à l'Amérique. L'Administration Bush met toutes ses violations sur le compte des éléments extrémistes de son armée, qui rallume à chaque fois le feu de “l'anti-américanisme”. Dans le but de remédier à cette situation catastrophique, qui porte atteinte à l'image de marque des Etats-Unis à l'étranger, le département d'Etat s'attelle à mieux communiquer. Ainsi, George Bush s'est dernièrement séparé de l'une de ses conseillères les plus respectées, Karen Hughes, pour qu'elle reprenne en mains ce domaine au département d'Etat. Il faut dire que l'Administration Bush, qui avait alors mis une dizaine de jours à réagir à un entrefilet publié par Newsweek le 2 mai, fait face à une lenteur dont la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, semble reconnaître qu'elle était une erreur. Une chose est sûre, les difficultés de relations publiques auxquelles sont confrontées les Etats-Unis dans leur quête d'une meilleure réputation internationale sont réelles, car, dans cette région, l'anti-américanisme a des conséquences parfois meurtrières. K. ABDELKAMEL