Pour le département de Donald Rumsfeld, le Livre saint de l'Islam a été globalement respecté à l'exception de quelques petits dépassements, dont une souillure accidentelle par un soldat. “L'enquête n'a trouvé aucune preuve crédible qu'un membre de la Force de frappe conjointe à Guantanamo Bay (Cuba) ait jamais jeté un exemplaire du Coran dans des toilettes”, telles sont les conclusions de l'enquête menée par le Pentagone au lendemain de la publication d'un article par le magazine Newsweek, faisant état de profanation du Coran par les soldats américains à la base militaire américaine de Guantanamo, où sont détenues plusieurs personnes soupçonnées de terrorisme. Les auteurs de l'enquête n'ont abouti à rien de tangible qui confirmerait qu'un Coran avait été jeté dans les toilettes. Le seul “incident involontaire”, considéré par les enquêteurs comme un manque de respect au Livre saint, s'est produit lorsque un garde a “accidentellement” uriné sur un Coran. Ce qui surprend le plus dans ce rapport, c'est la tendance à rendre les prisonniers plus coupables de profanation du Coran que les soldats américains. En effet, le compte-rendu assure que “les détenus eux-mêmes ont montré bien moins de respect que leurs geôliers pour le Livre saint, urinant eux aussi sur le Coran et tentant, à une reprise, d'en faire disparaître un dans les toilettes”. À lire les conclusions des enquêteurs, on s'aperçoit que les prisonniers sont désignés comme coupables et les militaires deviennent victimes. Ainsi, le communiqué du Pentagone révèle que “les détenus de Guantanamo ont plus souvent manqué de respect pour le Coran que les militaires américains, notamment en se servant du Coran comme d'un oreiller, en arrachant des pages du Coran, en tentant de jeter un Coran dans les toilettes et en urinant sur le Coran”. Le porte-parole du Pentagone, Lawrence Di Rita, ajoutera que “sur 31 000 documents couvrant 28 000 interrogatoires et d'innombrables interactions avec les détenus, le Commandement Sud a découvert cinq cas de traitement, apparemment irrespectueux, du Coran par des gardiens ou des enquêteurs et 15 cas de traitement irrespectueux et de véritable profanation par des détenus”. Les seuls cas de manque de respect pour le Coran se limitent à “un garde qui a donné un coup de pied dans un exemplaire du Coran, en février 2002, dans une cellule”, “le même mois, un autre prisonnier a montré une obscénité écrite en anglais sur la page de garde de son Coran, sans que le responsable puisse être identifié” et lorsque “un enquêteur a marché sur le Coran d'un détenu qu'il interrogeait, puis lui a présenté ses excuses, qui ont été acceptées”. Il est également rapporté qu'en mars 2005, “un prisonnier s'est plaint de ce que lui-même et son Coran avaient été aspergés par de l'urine entrée dans sa cellule par une bouche d'aération”. Le comble est que, dans ce cas, l'enquête a déterminé que le vent avait poussé dans le système de ventilation de l'urine d'un garde, sorti pour se soulager contre le mur. Le garde a été réprimandé et affecté à un autre poste. En somme, le rapport de la commission d'enquêté du Pentagone disculpe totalement les militaires américains des fautes qui leur sont reprochées et fait porter le chapeau aux détenus, rendus coupables de manque de respect au Livre saint de leur religion. Drôle de logique ! K. ABDELKAMEL