Ce qui a été rapporté par le magazine Newsweek n'est en fait qu'une infime partie des pratiques des militaires US sur les prisonniers, selon les conclusions d'une enquête approfondie sur les lieux. Apparemment, tout est permis dans les prisons militaires américaines pour soutirer des renseignements aux détenus, à en croire le contenu du rapport établi par les agents du Federal Bureau of Investigations, dont une copie a été obtenue par l'hebdomadaire égyptien Al-Ousboue. Ce document, élaboré après de longs interrogatoires avec des soldats et des officiers en activité à Guantanamo, sur la base de l'instruction du président américain George Bush, conforte ce qui a été écrit par le journaliste du Newsweek, obligé de faire un démenti par la suite, en raison de pressions du département d'Etat sur le magazine. Ainsi, selon le rapport, des indications qui seront explorées plus tard laissent penser que des actes de profanation du Coran similaires, mais de moindre importance, se sont produits en Irak et en Afghanistan. Des informations de même nature étaient déjà parvenues aux enquêteurs US d'Irak, faisant état qu'un soldat a procédé à des ratures et des annotations grossières et insultantes contre l'Islam et son prophète, au stylo rouge, sur un exemplaire du Coran appartenant à un prisonnier, en présence de ses camarades de cellule. Selon les agents du FBI, il a été dûment prouvé que les geôliers américains ont volontairement distribué aux détenus musulmans des exemplaires du Coran, traduits dans d'autres langues, mais contenant des ajouts et des modifications dans plusieurs versets, dans le but de les induire en erreur. Cette pratique a provoqué l'ire des prisonniers qui se sont révoltés. Le rapport précise que ces faux exemplaires allaient être distribués dans les prisons irakiennes. Une grève de la faim a été déclenchée par les prisonniers de Guantanamo, après que des soldats aient tenté de les forcer à utiliser les feuilles des exemplaires du Coran comme papier hygiénique dans les toilettes, les salles de bains et pour envelopper des aliments au restaurant. À ceci s'ajoute le fait que ces feuilles étaient régulièrement brûlées devant tout le monde. Le plus grave dans ce que rapporte les enquêteurs est cet incident, qui a conduit à la mort d'un détenu qui a succombé au blessures que lui a occasionnées son gardien. Surprenant le prisonnier dans les toilettes en train de récupérer les feuilles du Coran et de les faire sécher, le soldat cherche à l'obliger à les jeter, d'où une bagarre entre les deux hommes, au cours de laquelle le militaire blesse mortellement son vis-à-vis avec son arme à feu. Dans le but d'irriter au plus haut point les détenus, les militaires éparpillaient par terre des feuilles du Coran, sur lesquelles ils marchaient, par la suite, avec leurs godasses. À en croire le contenu du rapport, trois prisonniers ont été tués et plusieurs autres blessés par balle lorsqu'ils ont refusé de marcher sur les feuilles du Livre saint de l'Islam. Dans l'espoir d'amener leurs geôliers à de meilleurs sentiments envers le Coran et qu'ils ne marchent plus dessus, deux détenus n'ont pas hésité à embrasser les pieds des soldats. Prenant ce geste pour de la faiblesse, les Américains réitéraient leurs profanations du Coran pour se faire baiser les pieds. En mars 2003, la provocation a atteint son apogée à travers l'affichage de versets du Coran sur les murs, signés par des militaires comme s'ils en étaient les auteurs. Excédés lorsque des ordures et des eaux usées étaient jetées sur ces affiches, les détenus ont menacé d'un suicide collectif, si jamais ce genre d'actions se reproduisait. En 2004, une autre crise a secoué la prison de Guantanamo, lorsque des soldats faisaient beaucoup de bruits pour empêcher les prisonniers d'accomplir leurs prières collectivement. Parfois, ils procédaient à des attouchements sexuels sur eux lorsqu'ils accomplissaient leurs prières pour les provoquer. Des militaires ont été jusqu'à proposer aux détenus d'accomplir leur devoir religieux nus pour les laisser tranquilles. Ces provocations ont fini par ulcérer les prisonniers, qui se sont révoltés. Il a fallu que des échos de l'affaire parviennent au Pentagone pour que cesse ces pratiques. Le rapport du FBI, qui contient tous les détails de ce qui s'est passé à Guantanamo, recommande de faire cesser rapidement ces actes de provocation, qui peuvent avoir un impact négatif à l'intérieur et à l'extérieur de la prison. Des mesures urgentes doivent être prises, selon les auteurs du document, dont notamment faire obligation aux soldats de respecter le Livre saint de l'Islam et de laisser les détenus libres de pratiquer leur religion. K. ABDELKAMEL