Affaire L'article paru dans l'hebdomadaire américain continue de susciter de vives réactions dans plusieurs pays musulmans. Le désaveu par Newsweek ne met pas, pour autant, fin à la colère et aux violentes manifestations qui ont fait, jusqu'à présent, une quinzaine de morts en Afghanistan. Le rédacteur en chef du magazine, sous la pression du gouvernement américain, vient, en effet, de se rétracter quant à son article relatif à la profanation présumée du Coran à Guantanamo. Il admet, à ce propos, que son article pouvait contenir des informations non étayées, mais s'était refusé à le désavouer. «Sur la base de ce que nous connaissons aujourd'hui, nous nous rétractons après la diffusion de notre article selon lequel une enquête militaire interne a mis au jour une profanation du Coran sur la base de Guantanamo», a-t-il déclaré. Avant de se justifier : «D'autres grands médias avaient déjà fait état des accusations de profanation du Coran à Guantanamo, sur la seule base des témoignages d'ex-détenus et nous pensions que notre information valait la peine d'être publiée car un responsable américain affirmait que des enquêteurs en avaient trouvé la preuve.» Il a expliqué, toutefois, que des musulmans extrémistes avaient utilisé l'article de l'hebdomadaire pour «fomenter des émeutes». «Des extrémistes islamiques ont délibérément utilisé (l'article) afin de tenter de fomenter des émeutes.» Par ailleurs, plusieurs anciens détenus britanniques de Guantanamo ont affirmé, hier, que des soldats américains avaient profané le Coran, dans les prisons en Afghanistan ou à Guantanamo. Il était «largement connu» qu'un soldat américain avait jeté un exemplaire du Coran dans un seau servant de W-C dans la prison afghane de Kandahar, a ainsi affirmé Moazzam Begg, libéré de Guantanamo le 26 janvier. Au-delà de l'Afghanistan, le Pakistan et l'Arabie saoudite ont demandé une enquête complète et déclaré qu'il espérait que les Etats-Unis allaient partager ses résultats avec Islamabad. La secrétaire d'Etat Condoleezza Rice a adressé un message d'apaisement «aux musulmans d'Amérique et partout dans le monde», en estimant que la profanation du Coran, si elle est confirmée, est un acte «odieux».