"Tous ces paramètres ont fait que maintenant le système de Sécurité sociale est en déséquilibre financier estimé entre 500 et 560 milliards de dinars", a indiqué le ministre du Travail. Les pensions et allocations de retraite bénéficieront d'une revalorisation applicable avec effet rétroactif à partir du 1er mai. C'est l'annonce faite, hier, par Mourad Zemali, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. Invité à l'émission "L'invité de la rédaction" de la radio Chaîne III, Mourad Zemali a souligné que "le président de la République a, comme les autres années, décidé, cette année encore, une revalorisation des pensions de retraite, et ce, malgré la situation critique". Cette décision, a-t-il, ajouté, "a été prise pour conforter le pouvoir d'achat des retraités". Le ministre a, néanmoins, précisé que contrairement aux années précédentes où il y avait un taux unique, cette année, il y a un taux modulable. En clair, cette augmentation s'appliquera selon les niveaux de pension. Elle sera de 5% pour les pensions de moins de 20 000 DA, 2,5% pour les pensions de 20 000 DA à 40 000 DA, 1,5% pour les pensions de 40 000 DA à 60 000 DA, 1% pour les pensions de 60 000 DA à 80 000 DA, 0,5% pour les pensions de plus de 80 000 DA. Cette modularité de la revalorisation sera plus avantageuse pour les petites pensions, a expliqué le ministre, qui situe l'incidence financière de ces augmentations à 22 milliards de dinars. Cette annonce vient soulager les retraités qui craignaient que cette revalorisation, en vigueur depuis quelques années au mois de mai, n'allait pas avoir lieu. Des craintes suscitées par les déclarations du directeur général de la Caisse nationale des retraites (CNR) qui a annoncé, en février dernier, qu'il n'allait pas y avoir de revalorisation des pensions cette année. Finalement, sur décision du président de la République, la mesure a été maintenue. Il faut dire que la CNR traverse une situation financière difficile. Une situation sur laquelle le ministre a fait le point hier. Selon lui, le nombre des bénéficiaires du système de retraite en Algérie est de trois millions dont le tiers a bénéficié de la retraite anticipée avec une moyenne d'âge de 53 ans. Ce qui nous donne, selon M. Zemali, 2 à 2,5 travailleurs pour un retraité, alors que la norme est de plus de 5 travailleurs pour un retraité. Le ministre a aussi évoqué les fausses déclarations et les non-déclarations. "Tous ces paramètres ont fait que maintenant, le système de sécurité sociale est en déséquilibre financier estimé entre 500 et 560 milliards de dinars", a indiqué l'invité de la radio Chaîne III. Pour y remédier, le gouvernement a entrepris de la soulager de son stress financier en décidant, à travers la loi de finances 2018, le versement de 500 milliards de dinars pour la prise en charge des pensions. En adoptant une revalorisation modulable, les pouvoirs publics visent à avantager les petites pensions. Toutefois, cette revalorisation reste pour le moins insignifiante. Ainsi, de nombreux retraités seront augmentés de 900 DA au maximum (5% de 18 000 DA), ce qui ne peut couvrir les hausses que connaissent continuellement les produits alimentaires par exemple. Cette revalorisation vient, certes, soulager, un tant soit peu, la situation des retraités, mais elle reste loin des revendications de la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR), qui a réclamé un taux de revalorisation équivalant au taux d'inflation déclaré par l'Office national des statistiques (ONS) en fin d'année 2017. La FNTR ne se limite pas à cela. Elle exige une intervention des pouvoirs publics pour améliorer, un tant soit peu, le pouvoir d'achat des retraités aux pensions très modestes. Outre l'actualisation des pensions attribuées avant 2008, la FNTR réclame une pension minimum à 100% du SNMG. Saïd Smati