Dans cet entretien, la politologue,Louisa Dris-Aït Hamadouche, revient sur les implications géopolitiques et géostratégiques du retrait des USA de l'accord nucléaire iranien, du coup de gueule du président, Donald Trump,de vouloir pousser les choses au pourrissement, mais également des répercussions d'une telle situation sur l'Algérie. Liberté : Quelles sont les implications immédiates de la décision du retrait unilatéral des Etats-Unis d'Amérique de l'accord nucléaire iranien ? Louisa Dris-Aït Hamadouche : Il faudra s'attendre à un regain de tension dans la région, dans la mesure où l'ensemble de la communauté internationale, notamment l'Occident, avait mis en garde contre les répercussions de cette décision. Mais cela pourrait avoir des aspects positifs, du moins pour certains, dans la mesure où cette tension moyen-orientale va booster le marché pétrolier. Ce qui va arranger la situation financière de certains pays exportateurs, dont l'Arabie saoudite. Hormis les USA, les autres signataires refusent de se retirer de cet accord. Cet état de fait ne provoquerait-il pas un bras de fer avec les pays appelés à défendre leurs intérêts et à maintenir leurs bonnes relations diplomatiques avec l'Iran ? La décision du président américain ne bénéficie d'aucun consensus international, y compris auprès des alliés des Etats-Unis. L'Union européenne a déjà regretté cette décision. Celle-ci est d'autant plus controversée qu'elle est difficilement compréhensible si on prend en considération les intérêts stratégiques des Etats-Unis dans la région, dans le sens où le président Barack Obama voulait les réaliser, c'est-à-dire éviter les conflits ouverts, les agressions et des guerres ouvertes au Moyen-Orient. Parce qu'il y a un consensus que l'Amérique avait commis beaucoup d'erreurs dans la région. Du coup, la décision des Etats-Unis est fondée sur d'autres considérations. Ils sont engagés dans une logique de consolidation de leurs relations politiques et stratégiques avec l'Arabie saoudite et Israël. Notamment l'Arabie saoudite avec qui les relations s'étaient détériorées par le passé. Les Etats-Unis suivent Israël dans ses démarches qui lui sont contre-productives. Derrière ces décisions, il y a le poids de l'Arabie saoudite qui a engagé une chasse aux sorcières contre l'Iran. L'Arabie saoudite, où le prince qui brigue le trône s'est engagé dans un immense coup de poker. Il ne peut le gagner que s'il a un large soutien des Américains. Les conséquences peuvent être dramatiques. Qu'en est-il de l'Algérie qui devra, elle aussi, protéger ses intérêts en Iran ? L'Algérie a toujours été dans une posture de neutralité positive quant au nucléaire iranien dans la mesure où elle considère que le nucléaire civil est un droit inaliénable à tous les Etats. À partir du moment où l'Iran s'est engagé à développer le nucléaire à des fins économiques, technologiques et pacifiques, l'Algérie ne peut que le soutenir. En revanche, il y a un rapprochement entre l'Algérie et l'Arabie saoudite pour des raisons conjoncturelles et économiques. L'Arabie saoudite veut booster les prix du pétrole, et c'est cette politique que l'Algérie encourage. Je pense que l'Algérie va maintenir le cap qui a été le sien depuis le début.