Peut-on imaginer une table de f'tour ou de s'hour ramadhanesque sans chorba, œufs, dattes, lait, viande rouge, volaille, légumes, fruits ? Ce qui était redouté s'est finalement produit. Des produits fortement consommés par les M'silis durant le mois de Ramadhan connaissent une flambée des prix en ce premier jour. C'est ce que nous avons constaté sur les principaux marchés de M'sila. "Les prix de la viande rouge, de la volaille et des légumes ont particulièrement connu un bond vertigineux avant même le mois sacré", se désole, résignée, Laamria, sexagénaire, femme au foyer. Même les marchands n'apportent aucune explication valable à ce phénomène qui se présente à la veille de chaque mois de Ramadhan où les pris des légumes et fruits sont "intouchables". Les M'silis croyaient s'être habitués à cette courbe ascendante qui ne fléchit pas. Ainsi, le kilo de tomate qui coûtait il y a quelques jours à peine de 30 à 40 DA se vend aujourd'hui à 120 DA. D'autres produits ont également connu la même hausse, notamment les pommes de terre, les aubergines, les salades, ou encore les carottes qui ont atteint hier 100 DA le kilo, la tomate 150 DA... Pourtant, les autorités avaient prévenu et avaient menacé d'une forte amende les commerçants qui augmenteraient artificiellement les prix de certains aliments très prisés pendant le Ramadhan. Ils avaient même établi une liste officielle de prix qui devait être respectée par les commerçants. Interrogé par le journal, un commerçant du marché de gros des fruits et légumes impute cette augmentation à l'absence totale de contrôle et à la cupidité de certains commerçants qui profitent de cette période de forte demande pour augmenter leurs marges. Cela est d'autant plus étrange selon lui qu'à leur sortie des marchés de gros, les prix sont assez bas. Notre interlocuteur vise en premier lieu les intermédiaires qui n'hésitent pas à multiplier les prix par trois pour maximiser leurs bénéfices au détriment, bien sûr, du consommateur final. Concernant la viande blanche, le poulet, après quelques mois où le kilo de viande se vendait à 250 DA le kilo, a vu son prix repartir à la hausse, avec une augmentation de plus de 50 DA. Le prix du poulet poursuit sa tendance haussière et flirte avec les 320 DA le kilo, ce qui entraîne l'augmentation du prix de la viande rouge. Bref, c'est dire que ce Ramadhan épuisera, encore plus que les années précédentes, la petite bourse des ménages m'silis, au moment où le gouvernement, semble-t-il déconnecté de la réalité, continue de rassurer que les denrées fortement consommées pendant ce mois sacré seront abondantes, sauf qu'il oublie de souligner qu'elles sont inaccessibles, comme toujours. Chabane BOUARISSA