C'est aujourd'hui que s'ouvre devant la cour d'appel de Béjaïa le procès en diffamation intenté par le président-directeur général de l'Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB), Djelloul Achour, contre le porte-parole de la Coordination des comités de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques, Mourad Bouzidi. Pour rappel, le militant Mourad Bouzidi a été condamné, le 2 janvier dernier, à une peine de trois mois de prison avec sursis assortie d'une amende de 20 000 DA, par le tribunal de première instance, suite à la plainte pour "diffamation" déposée par le premier responsable du port de Béjaïa. Ce dernier, s'estimant "diffamé" par les propos tenus par M. Bouzidi lors de la marche citoyenne du 2 juillet 2017, avait alors décidé de saisir les autorités judiciaires. Le porte-parole de la Coordination des comités de soutien aux travailleurs de Cevital et ses avocats, non satisfaits du jugement prononcé par le tribunal correctionnel de Béjaïa, ont décidé d'interjeter appel auprès de la cour de la même ville. Il faut souligner que M. Bouzidi maintient toujours ses premières déclarations, en soutenant à chaque occasion que "nous avons dit, et nous le maintenons, que le directeur du port se comparait au président de la République, du fait qu'il s'est substitué à plusieurs institutions de l'Etat". Selon toujours M. Bouzidi, M. Djelloul Achour est allé jusqu'à se substituer à la police scientifique, en se prononçant sur les circonstances de l'incendie qui s'est déclaré le 20 octobre 2017 dans l'un des hangars du complexe agroalimentaire de Cevital à Béjaïa. À noter que M. Bouzidi bénéficie d'un vaste élan de solidarité de la part de nombreux militants des droits de l'Homme, des personnalités politiques, des parlementaires, des élus locaux, des acteurs de la société civile et autres citoyens de la région. La Coordination des comités de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques a rendu public, avant-hier, un communiqué dans lequel elle réitère son "soutien total et indéfectible" à Mourad Bouzidi, dénonce "la répression et les restrictions à l'expression citoyenne" et appelle "tous les citoyens, épris de justice et de liberté, à se joindre massivement au rassemblement qui se tiendra devant le palais de justice de Béjaïa, ce dimanche 20 mai à 9h, pour exiger l'annulation des poursuites judiciaires contre le porte-parole de notre Coordination et œuvrer à l'instauration d'une société juste, libre et digne". La Coordination poursuit : "En s'attaquant à la personne du porte-parole de notre Coordination, le directeur du port et ses instigateurs visent en réalité le bâillonnement et le musellement de notre Coordination et à faire taire tous ceux qui pointent du doigt les causes profondes du régionalisme économique qui frappe Béjaïa et certaines régions du pays." Avant d'ajouter : "Ils ne nous ont pas fait taire et ils ne nous feront pas taire. Les différentes manifestations organisées par notre Coordination en sont la parfaite illustration. La formidable réussite de la marche de l'espoir du 14 mai dernier a confirmé, une fois pour toutes, la détermination et l'adhésion massive et totale de la population à notre combat pour le droit au travail, la liberté d'entreprendre, le déblocage des investissements, l'équité et le droit à l'expression et à l'opinion." Et de conclure avec cette phrase lourde de sens : "La mobilisation citoyenne, seul rempart contre l'injustice !" K. O.