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Bouzidi écope de 3 mois de prison avec sursis AFFAIRE OPPOSANT LE PORTE-PAROLE DU COMITE DE SOUTIEN AUX TRAVAILLEURS DE CEVITAL AU DG DU PORT DE BéJAïA
M. Bouzidi dit "toujours assumer" ses déclarations, quitte "à aller en prison", car "ces gens-là doivent savoir que nous sommes déjà prisonniers de nos valeurs". Après deux semaines de délibérations, le tribunal correctionnel de Béjaïa a prononcé, hier matin, son verdict concernant l'affaire opposant le porte-parole du comité citoyen de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques, Mourad Bouzidi, au directeur général de l'Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB), Djelloul Achour. M. Bouzidi écope d'une peine de trois mois de prison avec sursis assortie d'une amende de 20 000 DA. Le mis en cause a été condamné pour "diffamation" à l'issue d'un procès intenté contre lui par le DG du port de Béjaïa. La genèse de cette affaire remonte au mois de juillet de l'année écoulée, lorsque Djelloul Achour a décidé d'engager une procédure judiciaire à l'encontre de M. Bouzidi, accusé d'avoir tenu des propos "diffamatoires" lors de la marche citoyenne du 2 juillet 2017. Réagissant à cette condamnation en première instance, Mourad Bouzidi dira : "Nous prenons acte du verdict prononcé par le tribunal de Béjaïa, mais nous disons que cette décision ne reflète pas la réalité." M. Bouzidi maintient ses premières déclarations quant à l'accusation pour diffamation dont la partie adverse l'accuse, en affirmant que "nous avons dit, et nous le maintenons, que le directeur du port se comparait au président de la République". Et d'ajouter : "Où est donc le caractère diffamatoire ? Où est l'insulte dans les propos que nous avons tenus ? Les extrapolations de la défense adverse ont fait que nos propos, imagés, ont été dénaturés et sortis de leur contexte." Visiblement déterminé à aller jusqu'au bout de son combat, le porte-parole du comité citoyen de Béjaïa assure que "nous ne nous tairons pas face à ces tentatives de blocage qui ne servent aucunement notre région ni, par-delà, notre pays". Pour lui, il ne s'agit plus, aujourd'hui, des 1 000 emplois que comptait créer Cevital, mais du million d'autres emplois projetés à Cap Djinet. "Il s'agit aussi d'agissements de lobbies occultes qui travaillent dans l'ombre et qui veulent faire la pluie et le beau temps", a-t-il déploré. M. Bouzidi, connu pour être un militant intrépide, se déclare prêt à "toujours assumer" ses déclarations, quitte "s'il faut à aller en prison", car "ces gens-là doivent savoir que nous sommes déjà prisonniers de nos convictions et de nos valeurs !" Notons, toutefois, que Mourad Bouzidi a déjà instruit ses avocats pour user de son droit d'interjeter appel auprès de la cour de Béjaïa. Par ailleurs, la Coordination des comités de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques a également réagi à ce verdict, à travers une déclaration transmise à notre rédaction. "Nous sommes consternés et scandalisés par une telle décision qui porte atteinte aux droits de l'Homme, à la liberté d'expression et d'opinion et qui va à l'encontre des attentes des travailleurs et de tout citoyen épris de justice et de liberté", écrivent les rédacteurs de ladite déclaration intitulée : "Quand la politique entre au palais, la justice en sort". La même coordination considère qu'"une fois de plus, la justice algérienne est instrumentalisée", tout en invitant son porte-parole, M. Bouzidi, à faire appel de cette décision tout comme elle lui apporte son "soutien indéfectible" et sa "solidarité agissante". Elle appelle, à ce titre, l'ensemble des partis politiques, hommes politiques, responsables d'association, militants des droits de l'Homme et les élites à "se prononcer sur ce déni de justice". Enfin, les membres de cette Coordination nationale réitèrent leur engagement à poursuivre leur combat pour "le déblocage des équipements de Cevital, le développement économique de notre pays, l'espoir pour notre jeunesse, l'équité, la liberté d'entreprendre, l'emploi et le droit à l'expression". Kamal Ouhnia Réaction de Mourad Bouzidi "Nous prenons acte du verdict prononcé par le tribunal de Béjaïa, mais nous disons que ce verdict ne reflète pas la réalité. Nous restons déterminés à user de notre droit et nos avocats ont été instruits des suites à donner. Nous maintenons nos premières déclarations quant à l'accusation de diffamation dont la partie adverse nous accuse. Nous avons dit, et nous le maintenons, que le directeur du port se comparait au président de la République, où est donc le caractère diffamatoire ? Où est l'insulte dans les propos que nous avons tenus ? Les extrapolations de la défense adverse ont fait que nos propos, imagés, ont été dénaturés et sortis hors contexte. Nous ne nous tairons pas face à ces tentatives de blocage qui ne servent aucunement notre région ni, par-delà, notre pays. Il ne s'agit plus, aujourd'hui, des 1 000 emplois que comptait créer Cevital mais du million d'autres emplois projetés à Cap Djinet, il s'agit aussi d'agissements de lobbies occultes qui travaillent dans l'ombre et qui veulent faire la pluie et le beau temps. Aujourd'hui, nous sommes accusés de diffamation, mais sachez que lorsque, le 20 octobre dernier, une partie de l'usine Cevital à l'intérieur du port avait été détruite par un incendie, ce même accusateur a, dans une déclaration, porté un jugement de valeur sur les équipements de l'entreprise Cevital, affirmant que l'étincelle à l'origine du sinistre est dû aux frottements fer contre fer de machines usagées de cette entreprise et omettant de dire que ces mêmes équipements ont fait l'objet d'une tentative de sabotage 20 jours avant ce sinistre, sur le même lieu ! Nous assumerons toujours nos déclarations, quitte, s'il le faut, à aller en prison, car ces gens-là doivent savoir que nous sommes déjà prisonniers de nos convictions et de nos valeurs ! Je termine en lançant un appel à tous les acteurs de la scène politique, aux syndicats autonomes, aux associations qui activent sur le terrain des luttes, aux intellectuels, aux investisseurs et aux citoyens, pour dire : Assez à l'étouffement de nos investisseurs, assez aux atteintes à la liberté d'expression, assez à la hogra. Nous ne reculerons pas devant l'entêtement de chargés de missions, nous sommes motivés et nous nous battrons."