La Casbah se meurt lentement, ses douirette et ses terrasses, qui s'ouvrent sur la baie d'Alger, s'écroulent progressivement face aux vicissitudes du temps. La citadelle d'Alger et ses anciens habitants, qui ont bâti un pan important de l'histoire de la capitale, font partie désormais des oubliés. Les vestiges qui constituent les annales historiques de Mezghena se transforment au fil des jours en ruine et ce, dans l'indifférence totale. Tel est le tableau peu reluisant dressé, avant-hier, par les membres de la fondation Casbah. Le président de cette ONG, M. Ali Mebtouche, a préféré attendre la clôture du Mois du patrimoine pour brosser un panorama désolant et affligeant de la citadelle d'Alger. Dans une conférence de presse animée au siège de la fondation, les amis et les enfants de La Casbah n'ont pas fait dans la dentelle pour décrire, avec regret, l'état dégradant de l'unique pièce historique que possède la capitale. Dans la citadelle d'Alger, qui comptait, dans les années soixante, quelque 1 400 bâtisses, il n'y a aujourd'hui que 800 dours. Le reste n'est que décombres. La sortie médiatique de Ali Mebtouche se veut un appel de détresse pour sauver ce qui reste à sauver et éviter d'assister passivement à la disparition d'une page de l'histoire de l'ancienne Icosium. “Les indicateurs actuels sont à présent au rouge. Nous sommes une ONG, donc une force de propositions et non une force d'exécution”, a lancé le conférencier. Il n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer “les opérations ponctuelles lancées ou les pratiques de bricolage pour préserver et sauver la vieille cité d'Alger”. Pour les amis de La Casbah, les actions lancées par les différentes administrations, l'APC et la wilaya sont en train de compliquer la situation de l'émeraude de la capitale. “Les autorités ont dépensé de l'argent sans vraiment voir le bout du tunnel. En 2003, l'Etat a dépensé plus de 55 milliards de centimes, sans jamais parvenir à lancer une opération de restauration basée sur des normes architecturales reconnues mondialement.” Mieux encore, “où est passé la loi de juin 1998 ?”, s'est-il interrogé. Alors que cette loi, insiste-t-il, “a prévu un plan de sauvegarde et un cahier des charges et d'autres mécanismes pour préserver ce joyau architectural”. Pour toutes ces raisons, les enfants de La Casbah plaident pour la création d'une institution, dotée de toutes les prérogatives, et de l'élever au rang d'un ministère pour gérer cette cité millénaire. “L'expérience de plusieurs intervenants a prouvé ses limites et ses lacunes. Il est temps de créer un haut commissariat pour la sauvegarde de La Casbah. L'expérience de la délégation a été d'une grande réussite à tous les niveaux.” Il faut signaler que le siège de la fondation abrite, depuis jeudi dernier, une exposition photos sur la Casbah, de Hamid Kouba. Rafik Hamou