À l'issue de cette grande rencontre, assimilée au Davos algérien, se dessine un “lobbying” pour presser les politiques à accélérer l'Union maghrébine. “Je ne pense pas que les systèmes qui n'ont pas répondu en termes de performance économique et sociale et de développement humain à leurs propres nationaux soient capables de construire des alliances stratégiques.” Cette phrase prononcée, jeudi, par le spécialiste Hassan Abouyoub à l'ouverture du IVe Symposium d'El-Oued, consacré cette année aux “Alliances stratégiques et créations de valeurs”, résume à elle seule les pesanteurs politiques qu'il faudrait nécessairement dépasser et qui entravent la construction d'un marché maghrébin commun. Cette année, le thème retenu par MDI-Business School Alger, l'organisateur de cet important événement, semble coller à l'agenda économique de l'Algérie fait d'ouverture à travers le parachèvement du processus de négociations pour son adhésion à l'OMC et le début de la mise en œuvre de l'accord d'association, prévu pour le 1er juillet prochain. La plupart des entreprises algériennes sont, aujourd'hui, confrontées à la nécessité de trouver rapidement les moyens d'assurer leur survie. “Elles devront, non seulement réussir leur reingineering pour se donner une organisation compétitive, mais aussi rechercher des stratégies capables de leur donner des avantages compétitifs durables aussi bien sur le marché domestique que sur les marchés extérieurs”, souligne-t-on. Ces changements devront s'opérer dans des délais courts. Car l'ouverture des frontières va s'accélérer avec les échéances des engagements internationaux pris par l'Algérie et viendra menacer gravement la pérennité des entreprises algériennes. Les chefs d'entreprise semblent avoir pris conscience des défis à relever. “Alliances stratégiques et création de la valeur correspondent à une préoccupation majeure des acteurs économiques”, dans un monde fait d'interconnexions, d'interactions et d'interdépendance incontournable des acteurs mais aussi des économies. Le président du forum des chefs d'entreprise partage “la voie” indiquée par le symposium d'El Oued à l'entreprise maghrébine, en général, et à l'entreprise algérienne, en particulier, qui lui permettrait d'assurer sa survie dans un contexte de mondialisation accélérée. Cette voie réside dans la recherche et la construction d'alliances stratégiques. Pour autant, Omar Ramdane pose comme préalables la nécessité d'introduire rapidement des transformations adéquates dans l'environnement de l'entreprise. Il est indéniable, souligne-t-il, que “la compétitivité dépende aussi bien des performances de l'entreprise que de celles de son environnement”. Sur cet aspect, le président du forum des chefs d'entreprise regrette que l'entreprise algérienne, soit “contrariée dans la conduite des actions qu'elle mène, pour améliorer sa compétitivité, par de nombreuses difficultés qui se situent non plus en elle-même mais dans son environnement”. Mais, dans ce climat d'investissement que tout le monde s'accorde à dire qu'il est contraignant, des exemples de succès existent. Cevital, le port de Béjaïa et le groupe Fruital ont pu construire des partenariats intéressants. Ces exemples montrent que “réussir des alliances stratégiques suppose la réunion d'un certain nombre de conditions liées en particulier au management des entreprises partenaires”. L'exposé de l'expérience de partenariat de Cevital dans la filière Float Glass en Algérie a retenu l'attention de l'assistance. Le mégaprojet qu'il a exposé a suscité un débat intense. Pour autant, ces alliances sont toutes réalisées avec des partenaires qui ne sont pas maghrébins. Les besoins en modernisation de l'économie algérienne font que nos entreprises se tournent plus vers l'Occident, détenteur de la technologie, que vers les pays voisins. La non-complémentarité des économies des pays du Maghreb complique le rapprochement. Les alliances ne peuvent être pour l'instant que commerciales. Sur ce volet, les pays du Maghreb n'ont pas de quoi pavoiser. Les échanges intramaghrébins sont insignifiants, à peine 3%. Du coup, les entrepreneurs maghrébins, réunis les 18, 19 et 20 mai à El-Oued, en créant leur carrefour, lancent un message aux chefs d'Etat des pays maghrébins, qui se réuniront prochainement, d'œuvrer à l'édification d'une économie maghrébine. Repères Selon une brochure de la délégation marocaine, en 2004, les investissements algériens ont atteint 25,1 millions de dirhams, enregistrant une hausse considérable par rapport à l'année 2003 (1,3 million de dirhams). Ces investissements ont touché principalement les services de l'immobilier (11,7 millions de dirhams), de l'industrie (5,2 millions) et du tourisme (3,8 millions). Les échanges commerciaux entre le Maroc et l'Algérie, selon la même brochure, demeurent très faibles et en deçà des potentialités. Durant la période 2002 à 2004, la part des importations ne dépasse pas 1% et celle des exportations est insignifiante. M. R.