Ce couple d'artistes-peintres invite le curieux de l'art à feuilleter la mémoire sans nostalgie aucune à la galerie Mohamed-Racim pour ce mois sacré. Les "Femmes d'Alger" (1833) d'Eugène Delacroix ont fugué de leur appartement pour se libérer de la mélancolie du poète Charles Baudelaire (1821-1867), où elles s'émancipent à présent aux côtés d'autres "Femmes d'Algérie" pour s'offrir à l'aide de l'"imzad", l'exquise "ahalé" qu'est l'ensorcelante "qâada" ou causerie poétique entre filles. Autrement, c'est l'enchanteresse oasis qu'a imagée, au figuratif, l'artiste-peintre Hadjeres Rahmani Hadia à la galerie Mohammed-Racim où elle crayonne le vœu de l'"espoir" qu'elle enlumine tantôt aux tons azuréens, de temps à autre au corail qu'elle estampille sur les toilettes de ces dames. C'est en tout cas l'éclat de six aquarelles qui sont à la réception du férus de l'art qu'elles accueillent avec l'offrande d'un bouquet de "Tulipes" de l'artiste-peintre Rahmani Saïd qui n'est autre que l'époux de Hadia ! Autant dire que c'est l'innovation de l'année, puisqu'au mode de l'exposition individuelle et collective, voilà que s'augure l'ère des duos, avec la paire Hadjeres Rahmani Hadia/Rahmani Saïd, qui invite le curieux de l'art à feuilleter la mémoire, sans "Nostalgie" aucune. Outre qu'il éblouisse l'œil, l'usage du duo qui est en vogue, aide à l'évaluation du talent de l'un et de l'autre ainsi qu'à l'appréciation d'autres doigtés et tours de main. Issue de l'Ecole régionale des beaux-arts de Constantine, Hadia s'est fertilisé la main à Oran, où elle s'est instruite à l'art d'inoculer de la vie, voire à offrir un trait de jouvence à de vieilles œuvres picturales que le temps a jaunies ou écornées. Autre argument au talent de l'artiste-peintre Rahmani Saïd : l'enfance ! Qu'il cheville à son chevalet et qu'il évoque au sens des senteurs de "Bounâamane" (coquelicot) qui embaumait son "quartier d'enfance" à Tiaret, où il y avait la joie de la fête de "l'Aïd Esseghir" et le doucereux chant du métier à tisser, a-t-on su de cet ancien élève de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger qui s'est libéré de la fascination du mouvement artistique de l'orientalisme pour s'abriter sous l'aile influente du peintre, dessinateur et sculpteur Pablo Ruiz Picasso (1881-1973). À ce propos, l'artiste-peintre use de la joyeuseté des couleurs, qu'il désire vives comme l'éclat du rameau de "l'Olivier" qui en appelle à la paix. Natif de la cité médiévale de Tihert, l'inspiration de l'artiste-peintre Rahmani Saïd va de Tiaret à l'Alger de son apprentissage artistique, option design graphique. À ce sujet, notre interlocuteur y puise l'essentiel de l'esprit poétique, d'un travail mémoriel, où il lui importe d'immortaliser "Les jeux de notre enfance" qui ont concouru à façonner les femmes et les hommes que nous sommes devenus aujourd'hui. Toutefois, notre interlocuteur partage l'espace de son atelier avec sa douce moitié, d'où ils esquissent le beau à l'aide de l'abstrait et du semi-figuratif. Donc, autant y aller à l'exposition du duo Hadjeres Rahmani Hadia/Rahmani Saïd, pour estimer toute l'étendue de leur talent, notamment en ces "sahrate" (soirées) du mois de Ramadhan, où la galerie Mohamed-Racim s'illumine du talent de ce couple. Louhal Nourreddine