Les éditeurs de la presse électronique réclament la libération "immédiate" du journaliste Saïd Boudour et du lanceur d'alerte Noureddine Tounsi, embarqués, vendredi dernier à Oran, par la police, soit au lendemain de la publication sur les sites JCA et Algérie Part de l'article signé par le même journaliste sur le scandale de la saisie record de cocaine, plus de 701 kg, opérée la semaine dernière par les gardes-côtes du port d'Oran. Dans un communiqué rendu public hier au nom du syndicat naissant (en cours de constitution) des éditeurs de la presse électronique (Saepe) auquel adhère M. Boudour en tant qu'éditeur de JCA (Journalistes citoyens Algérie), les signataires dénoncent une arrestation "brutale, illégale". Ils exigent alors la mise en liberté "immédiate" de Saïd Boudour, ainsi que du lanceur d'alerte Noudine Tounsi, militant anti-corruption, ancien cadre de l'Entreprise portuaire d'Oran, également arrêté. Pour ces éditeurs, "rien ne justifie un tel retour aux pratiques d'un autre âge avec les professionnels de la presse". Ceci tant est que, restent-ils convaincus, M. Boudour n'avait fait que son travail de journaliste. Ils en veulent pour preuve les premières informations recueillies auprès de la Laddh à laquelle adhère également Saïd Boudour. Les éditeurs de la presse électronique déplorent ainsi la "brutalité" utilisée par les services de sécurité lors de l'arrestation du journaliste. Ils dénoncent un procédé "intolérable, digne de la lutte antiterroriste" ! Signalant qu'un autre journaliste de la presse électronique, Khelaf Benhada, et son éditeur, Adlene Mellah (Algérie Direct et Al Jazaïr presse), sont injoignables depuis vendredi soir, après que des convocations leur ont été adressées par les services de sécurité pour avoir repris l'article de Saïd Boudour, les éditeurs se demandent "qui veut empêcher la presse électronique et la presse en général de traiter de cette affaire de trafic de cocaïne qui a choqué l'opinion algérienne ?" Les éditeurs se disent ainsi "très inquiets" face à cette "dérive de la répression qui s'abat sur la presse électronique". "Les moyens utilisés sont excessifs et scandaleux", s'offusquent-ils encore. Les éditeurs estiment que les pouvoirs publics feraient mieux de mener une lutte au trafic de la cocaïne et autres fléaux que d'enlever des journalistes et des lanceurs d'alerte. "L'urgence est de protéger les Algériens des méfaits de la cocaïne et de leur dire la vérité sur le trafic qui la rend possible. Elle n'est pas dans l'enlèvement des journalistes et des lanceurs d'alerte", lit-on dans le communiqué de la Saepe. Les éditeurs rappellent qu'"il existe des moyens judiciaires civilisés pour poursuivre les contenus jugés diffamatoires". Se disant, par ailleurs, attaché à la présomption d'innocence et à la préservation de la dignité des citoyens, le collectif des éditeurs juge que "l'Etat peut les faire respecter sans porter atteinte à son tour à la dignité des journalistes arrêtés brutalement comme des terroristes au mépris de toutes les lois". Farid Abdeladim