Au-delà des raisons qui ont motivé ces interpellations, c'est le mode opératoire qui a outré la Laddh et choqué ceux qui ont pris connaissance des circonstances de l'arrestation de Boudour. Le journaliste et membre de la Laddh d'Oran, Saïd Boudour, et Noureddine Tounsi, lanceur d'alerte qui a dénoncé de présumés actes de corruption au port d'Oran, ont été interpellés, avant-hier vendredi, et transférés à Alger, pour être présentés dès aujourd'hui devant la justice. "Pour le moment, nous ignorons totalement les motifs qui ont présidé à ces deux interpellations. Nous savons juste que Saïd et Noureddine ont rompu le jeûne au commissariat central et qu'ils devaient être conduits à Alger dans la soirée", a indiqué, hier, un responsable de la Laddh d'Oran, annonçant que les deux hommes seront représentés par Me Mustapha Bouchachi. "Après le f'tour, nous avons pu entrer en contact avec Saïd Boudour au commissariat central où nous avons pu apercevoir les proches de Noureddine Tounsi. Il nous a confié les clés de sa maison et nous a assuré qu'il était bien traité et qu'il avait été autorisé à communiquer avec sa femme au téléphone", a ajouté le même responsable de la Ligue des droits de l'Homme. Dans un communiqué rendu public vendredi soir et largement partagé sur les réseaux sociaux, la Laddh d'Oran a dénoncé "un enlèvement et une arrestation", peu avant le f'tour, du militant des droits de l'Homme. "(...) Saïd Boudour, qui sortait du bureau de la Ligue de la place des Victoires pour se rendre chez lui pour le f'tour, a été appréhendé par une demi-douzaine d'éléments en civil et embarqué dans une voiture banalisée de type Ford grise (....)", indique le communiqué, en rapportant que la veille, soit jeudi, des "éléments en civil" s'étaient présentés au domicile de Boudour vers 1h du matin pour informer son père que Saïd devait se présenter le lendemain matin au commissariat central pour affaire le concernant, mais sans laisser de convocation écrite. "Le lendemain vendredi, les mêmes éléments se présentent une nouvelle fois au domicile des parents, mais cette fois-ci munis d'une convocation", continuent les rédacteurs en relevant que la police aurait pu attendre dimanche pour convoquer Saïd Boudour. Les responsables du bureau de la Laddh ont, par ailleurs, exprimé leur inquiétude quant à une interpellation qui survient juste après "la saisie de cocaïne au port d'Oran", Saïd Boudour ayant été "le premier journaliste à avoir écrit sur le sujet sur Algériepart et JCA (Journaliste citoyen d'Algérie) en arabe". En l'absence d'informations officielles sur les motifs de l'interpellation conjointe de Boudour et Tounsi, on ne saurait dire si elles sont en relation ou non avec les deux "grosses affaires" qui ont défrayé la chronique ces derniers mois à Oran : la saisie, en fin de semaine passée, des 700 kg de cocaïne dans un conteneur à bord d'un bateau de transport de marchandises, et les graves accusations de corruption portées par le lanceur d'alerte Tounsi contre les gestionnaires du port. En tout état de cause, et au-delà des raisons qui ont motivé ces interpellations et qui seront probablement connues aujourd'hui, c'est le mode opératoire qui a outré la Laddh et choqué ceux qui ont pris connaissance des circonstances de l'arrestation de Boudour. "Comment savoir si c'est la police, le DRS ou une bande de mafia organisée ?" s'est inquiétée la Laddh dans son communiqué. S. Ould Ali