Le Conseil des ministres, tenu ce mardi, a validé la proposition de l'instauration d'un droit additionnel provisoire de sauvegarde en matière de commerce extérieur, contenue dans le projet de LFC-2018. Selon le communiqué rendu public à l'issue du Conseil des ministres, ce droit additionnel provisoire de sauvegarde sera appliqué aux importations de certains produits finis qui sont, actuellement, provisoirement suspendus à l'importation. Le communiqué ne précise pas le taux de cette taxe additionnelle. L'option retenue est donc qu'on n'interdira plus les produits à l'importation, mais certains d'entre eux seront taxés. Logiquement, l'instauration de cette taxe additionnelle annule de facto l'interdiction d'importation qui touche plus de 851 produits. Le ministre du Commerce, Saïd Djellab, a été très explicite sur le sujet, en déclarant, la semaine derrière, qu'il "n'y aura pas de produits interdits puisque tous les produits interdits à l'importation auparavant (seront) versés dans le droit additionnel, c'est-à-dire, ils seront découragés par des taxes allant de 30 à 200% avec l'objectif de protéger et d'encourager la production nationale". Si personne ne peut remettre en cause la pertinence de la proposition d'instaurer ce droit additionnel provisoire de sauvegarde applicable aux importations de produits de luxe, il reste que cette mesure arrive avec plus de trois années de retard durant lesquelles le gouvernement a adopté une stratégie de gestion purement administrative, faite essentiellement d'interdiction. En effet, pour réduire le déficit budgétaire, le gouvernement a, dès le début, recouru aux licences d'importation puis carrément aux interdictions d'importation, provoquant le mécontentement de l'Union européenne et nos partenaires économiques qui ont appelé les pouvoirs publics au respect de leurs engagements dans le cadre du traité d'association avec l'UE. Mais le gouvernement a vite déchanté devant les maigres résultats enregistrés. Sans compter les effets induits sur le dérèglement du marché interne aggravé par l'incapacité de la production nationale à combler le vide. Cette mesure signe le retour aux fondamentaux des pratiques du commerce extérieur, rejoignant ainsi l'avis des experts qui dès le début ont estimé qu'une modulation des droits de douane et des taux de TVA était l'option la plus appropriée pour décourager l'importation. À ce propos, le président Bouteflika, lors de ce Conseil des ministres, a appelé les opérateurs économiques "à tirer profit de la démarche de sauvegarde temporaire que le pays a mis en place en matière de commerce extérieur pour accroître leurs investissements et augmenter la production de biens et de services afin de satisfaire la demande locale et de diversifier les exportations du pays". Saïd Smati