Dans un entretien accordé à Liberté, le professeur Chelghoum, spécialiste en génie mécanique et professeur d'université, s'est dit pessimiste quant à la stratégie adoptée et la démarche fixée par les institutions en charge de la prévention contre les risques sismiques. “La relance de la reconstruction est occultée par la réglementation qui doit être appliquée et qui repose sur trois facteurs essentiels, à savoir les caractères physiques du bâtiment, le contenu fréquentiel du mouvement du sol et les conditions géologiques et techniques du sol”, dira-t-il. Le professeur s'interroge sur les suites réservées au document fiable élaboré par plus de 100 experts et approuvé par le ministère de l'Habitat et le Conseil des ministres en juillet 2003 où des propositions appropriées ont été émises quant à la stratégie à adopter en matière de réglementation et de mesures de prévention. “La méthodologie appliquée chez nous par le ministère de l'Habitat repose sur les résultats de l'après-catastrophe, elle est unique au monde”, ajoute M. Chelghoum qui se félicite, toutefois, de l'initiative encourageante prise par le ministre des Travaux publics. Celui-ci a décidé de procéder à l'auscultation et au contrôle de la résistance structurale de tous les ouvrages d'art de la région du centre. “M. Ghoul a été le seul à avoir démarrer l'élaboration d'un règlement parasismique et d'un référentiel pour les calculs de dimensionnement, la réparation en cas de sismicité des ponts, viaducs, etc., précise-t-il. C'est la même stratégie qui devrait, en principe, être appliquée pour les autres bâtiments stratégiques, tels que les écoles, les universités, les bibliothèques, les musées, les postes de commandement de la Protection civile, etc.” “La puissance publique doit élaborer un règlement parasismique validé scientifiquement et non des règles empiriques qui ne sont basées sur aucune hypothèse qui tient la route”, affirme M. Chelghoum qui ajoute qu'il est beau d'opérer la relance de la reconstruction mais encore faut-il que celle-ci doit tenir compte des études globales des mouvements et études géologiques des sols, des effets de sites, comme cela est appliqué dans des pays comme le Japon, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis. “Les sols en place doivent être analysés et étudiés car beaucoup de constructions ont été effondrées à cause de "l'effet de site" comme à Corso, les 1 200-Logements, la cité du 11-Décembre, Dellys et bien d'autres quartiers où certains bâtiments possédant les mêmes caractéristiques de construction se sont effondrés alors que d'autres ont résisté”, affirme Chelghoum. L'orateur s'interroge si des études dynamiques et non statiques de sol ont été élaborées pour permettre de reconstruire, à titre d'exemple, la cité des 1 200-Logements sur le même endroit avec les mêmes méthodes. “À Alger comme à Boumerdès et sur tout le nord de l'Algérie, il faut, au préalable, lancer des études de sol, approfondies, basées sur la dynamique des sols d'assise en place”, martèle Chelghoum qui suggère de construire des bâtiments compétents et intelligents, suivant la méthode Smart Building. Sur les logements ayant résisté au dernier séisme ou légèrement affectés, le professeur insiste sur leur auscultation,, au même titre que les bâtiments stratégiques, pour connaître s'ils sont sismiquement vulnérables ou pas. “Il n' a jamais été dans mon intention de polémiquer mais je suis un scientifique qui veut aider la puissance publique à revoir sa stratégie et sa gestion en matière de gestion du séisme ; c'est pourquoi j'insiste pour la mise en place d'un nouveau règlement parasismique, car le séisme est un phénomène imprévisible non négociable”, ajoutera t-il. M. T.