L'organe exécutif des Nations unies verra l'entrée en janvier prochain de l'Afrique du Sud, l'Indonésie, la Belgique, l'Allemagne et la République dominicaine pour la première fois. Intervenant dans un contexte de très forte division du Conseil de sécurité, l'élection de nouveaux membres, dont certains sont connus pour leur influence dans bien des dossiers complexes, devrait aboutir à un rééquilibrage de cette instance onusienne. En effet, alors que les Etats-Unis qui font cavalier seul dans de nombreux dossiers, et que la Russie est pointée du doigt par les Occidentaux pour son rôle en Syrie, le Conseil de sécurité, particulièrement ses cinq membres permanents, sont profondément divisés pour trouver des solutions aux grandes crises. À l'exception de la République dominicaine, qui siégera pour la première fois au Conseil, les autres pays élus, que sont l'Allemagne, l'Afrique du Sud, l'Indonésie, et la Belgique sont des habitués de cette mission. Il faut s'attendre donc à un nouveau rapport de force notamment sur les dossiers chauds, qui reviennent cycliquement sur le bureau du Conseil de sécurité, tels que la Syrie, la Libye, le Yémen, le conflit israélo-palestinien, ou le conflit du Sahara occidental. Berlin a déjà donné un aperçu sur ses intentions par le biais de son ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, qui a déclaré : "Nous voulons agir dans la recherche de solutions face aux grands défis que sont la paix et la sécurité". Le chef de la diplomatie allemande a rappelé les atouts de son pays, qui est le second plus grand fournisseur d'aide humanitaire au monde et figure parmi les principaux contributeurs directs au budget de l'ONU. Elle a engagé 4 000 de ses soldats dans des opérations de maintien de la paix, notamment au Mali et en Afghanistan en plus d'une image positive de ses diplomates. Les Allemands sauront utiliser leurs liens avec la Russie pour avancer sur les dossiers syriens et ukrainiens. Rappelons que l'Allemagne avait fait adopter, en pleine crise libyenne, une résolution pour mieux protéger les enfants dans les conflits, notamment les guerres en Syrie et au Yémen. L'Afrique du Sud est également appelée à jouer un rôle important dans certains dossiers, à l'instar de celui du Sahara occidental, qui devrait revenir rapidement au-devant de la scène, en raison de la durée du nouveau mandat de la Minurso, réduit à six mois seulement pour permettre une reprise rapide des négociations entre le Maroc et le Front Polisario. Il va sans dire que Rabat ne voit pas d'un bon œil le retour de Pretoria au Conseil de sécurité. Les Palestiniens pourront aussi compter sur le soutien de l'Indonésie pour défendre leur cause. Pour la ministre indonésienne des Affaires étrangères, Ritteno Marsoudi, la question palestinienne serait la priorité de son pays au Conseil de sécurité de l'ONU. Il est donc clair que les nouveaux membres apporteront à cet organe de l'ONU une touche nouvelle, qui pourrait modifier le traitement des dossiers chauds de l'heure. Merzak Tigrine