Le vote de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur le renouvellement pour une année du mandat de la Minurso a été gelé ou bloqué à la dernière minute par les Etats-Unis. Traditionnellement, c'est Washington qui rédige cette résolution et, comme d'habitude, il y a un consens au sein du Conseil sur le renouvellement du mandat de la Minurso, et cette fois-ci tout le monde a laissé faire jusqu'à ce que la Russie et l'Ethiopie ne décident d'apposer des amendements à la marge au projet de résolution finale. Résultat, les Etats-Unis décident donc de reporter le vote jusqu'à ce qu'un consensus soit trouvé sur le texte de cette résolution qui appelle autant les deux parties au conflit à reprendre le fil des négociations là où elles ont été laissées en 2008. Cette fois-ci, le projet de résolution est plus ferme, puisque la mouture, encore provisoire, clarifie d'une part la volonté du Conseil de sécurité d'aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental. Et d'autre part le document est plus ferme et intime de 'reprendre des négociations sans pré-conditions et de bonne foi''. Certes, dans les travées des Nations unies, le Maroc a fait et continue de faire un inlassable lobbying auprès de ses soutiens, la France, l'Espagne et les Etats-Unis, mais également parmi les pays africains. Pour autant, dans ce bras de fer entre les soutiens du Maroc, et donc de la 'troisième voie'', celle qui consacre la colonisation de fait du Sahara occidental, et les pays qui voudraient que ce dernier conflit de décolonisation en Afrique trouve une issue démocratique à travers un référendum d'autodétermination, il y semblerait que Moscou est en train de faire pencher la balance vers un rééquilibrage des forces en présence. C'est l'une des rares fois que la Russie intervienne directement dans le vote d'un projet de résolution du Conseil sur le renouvellement du mandat de la Minurso. Certes, il y a tout le poids des nouvelles tensions au Proche-Orient que sont les derniers bombardements d'une coalition menée par les Etats-Unis contre la Syrie qui atterrit dans le dossier sahraoui. On serait même tentés de penser que Moscou, avec un allié traditionnel africain de longue date, l'Ethiopie, ait changé de fusil d'épaule dans le dossier de décolonisation au Sahara occidental. Sinon que la Russie, avec son droit de veto, est en train de faire équilibrer le poids des alliances au sein des Nations unies sur le dossier sahraoui. Et, c'est l'une des rares fois, cette fois-ci, qu'un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU est reporté, sinon renvoyé vers une seconde rédaction. Un tel chamboulement n'aura pas de sens si les cinq membres du Conseil de sécurité de l'ONU maintiennent inchangée leur position vis-à-vis du dossier du Sahara occidental. Une position plus évoluée et adaptée aux réalités géopolitiques, économiques et stratégiques du moment, qui voudrait que les Nations unies et les membres du Conseil de sécurité appuient et défendent une sortie démocratique et politique urgente de ce conflit vieux de plus de quarante ans. Le poids des différences et des antagonismes, des rivalités entre les membres permanents du Conseil de sécurité ne doivent pas peser sur une solution politique et démocratique rapide du conflit au Sahara occidental, mais bien au contraire faciliter et favoriser un règlement juste et équilibré du conflit, conforme aux différentes résolutions pertinentes de l'ONU. Beaucoup pensent, avec l'arrivée à l'ONU d'Antonio Guterres, l'ex-président allemand Horst Köhler comme envoyé personnel du SG de l'ONU et le nouveau chef de la Minurso, le Canadien Colin Stewart, qu'une solution démocratique est possible au Sahara occidental. Pour cet objectif, il faudrait surtout que les soutiens du Maroc cessent de souffler le chaud et le froid sur ce dossier.