L'initiative de paix française ne semble pas faire l'unanimité parmi les rebelles ivoiriens, dont une frange s'est attaquée, lundi dernier, dans l'après-midi, aux soldats de l'hexagone. Les combats ayant opposé les militaires français et les rebelles ivoiriens, faisant 30 morts parmi ces derniers à Douekoué (200 km à l'ouest de la capitale Yamoussoukro), dénotent la légèreté avec laquelle est traité ce conflit par Paris. La France n'a négocié qu'avec un seul mouvement rebelle (MPCI), ignorant les deux autres, qui n'ont pas manqué d'afficher leur mécontentement, même s'ils se disent disposés à participer à la réunion qu'accueillera dans quelques jours la capitale française. Bien qu'ils n'aient pas revendiqué l'attaque de Douekoué, que le ministre français de la défense, Michèle Alliot-Marie, attribue à des éléments incontrôlés, le MPIGO et le MJP, censés contrôler la zone où ont eu lieu les combats, sont directement ou indirectement liés à cette offensive. Pour rappel, ces deux mouvements ont pris la précaution de ne pas s'engager officiellement avec le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, dans l'initiative de cessez-le-feu, même s'ils ont promis de travailler dans ce sens. Un doigt accusateur est pointé vers le mouvement patriotique ivoirien du Grand ouest (MPIGO), dont les éléments se sont, à maintes reprises, accrochés avec les soldats français au cours du mois de décembre dernier. Les informations en provenance de Côte d'Ivoire n'indiquent pas si les forces françaises ont été attaquées dans leurs positions. Il semblerait que l'accrochage a eu lieu au moment où les militaires français étaient en ratissage alors qu'ils sont censés faire respecter uniquement le cessez-le-feu et protéger les ressortissants de leur pays et autres étrangers. À Paris, on semble assuré que cet “incident” ne remet pas en cause la table ronde politique prévue à la mi-janvier à Paris, c'est du moins ce qu'a affirmé, hier, Mme Michèle Alliot-Marie. Au passage, elle a souligné qu'il n'y avait pas de “comparaison entre le professionnalisme de nos troupes et ces différents groupes”. Une manière comme une autre de mettre l'accent sur l'anarchie caractérisant les rebelles en Côte d'Ivoire. Une chose est sûre, la France soutient implicitement le pouvoir en place à Yamoussoukro en contribuant à lui garantir les positions stratégiques, comme celle de Douekoué, où se sont déroulés les derniers combats. Cette ville est, en effet, un carrefour très important dans le transport du cacao destiné à l'exportation et dont la Côte d'Ivoire est le plus grand producteur mondial. La prise de Douekoué par les forces rebelles aurait changé les données dans ce pays, car elle aurait ouvert la porte de la ville de Daloa, capitale de la “boucle du cacao”. Le soutien de la France à Gbagbo est mal apprécié par toute l'opposition. Même le MPCI, qui a accepté la proposition de cessez-le-feu faite par De Villepin, dénonce cette situation. “Ce qui me choque, c'est que la France essaie de soutenir Laurent Gbagbo, qui aujourd'hui a perdu tout le pouvoir, qui est un dictateur farouche en train de tuer et de massacrer les populations civiles”, a déclaré Guillaume Soro, le secrétaire général du MPCI. La réunion de Paris, le 15 janvier prochain, mettra certainement à nu tous les points de discorde entre le gouvernement de Laurent Gbagbo et l'opposition qui réclame “une solution globale de paix au niveau politique”. K. A. Sénégal Attaque de la rébellion en Casamance Quatre soldats sénégalais ont été tués lundi en Casamance (sud) lors de combats avec la rébellion indépendantiste, a indiqué, hier, une source militaire, affirmant que les pertes rebelles avaient été “lourdes”. Les accrochages ont eu lieu lors d'une opération déclenchée par l'armée dans l'arrondissement de Nyassia, au sud-ouest de Ziguinchor, principale ville de cette région en proie à une rébellion indépendantiste depuis vingt ans. L'opération visait à réagir à des poses de mines observées récemment dans ce secteur, a précisé un officier. Selon lui, plusieurs bases du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC, indépendantiste) situées dans la zone des combats ont été détruites et les rebelles ont subi de lourdes de pertes, qu'il n'a cependant pas pu chiffrer. L'armée sénégalaise a également eu plusieurs blessés dans ses rangs.