Rosa et Flora sont des noms européens qui se sont fait une place dans la nomenclature algérienne. Si Rosa est assez ancien, Flora est récent. Rosa et Flora sont les formes latines de "rose" et "floral". Les deux sont en rapport avec les fleurs et ont pour équivalent algérien Nouara, Zahra, et pour le kabyle, Jedjiga. Les fleurs ont occupé une place importante dans la culture musulmane : symbole de beauté et de grâce, les fleurs ont joué un rôle important dans la culture algérienne, avec des dizaines de poètes qui les ont utilisées. Dans la culture musulmane aussi, elles ont inspiré des dizaines de poètes. C'est ainsi que des genres poétiques consacrés aux fleurs furent développés : rawḍiyyât, de rawḍa "jardin, parc fleuri", rabî'iyyât, de rabî' "printemps", zahriyyât, de zahra "fleur". Au 11e s., le poète Abû l-Walîd al-Ḥimyarî réunissait ces genres en un badi' fî wasf al-rabî', le merveilleux dans la description du printemps. Les genres poétiques floraux sont d'abord apparus dans les khumriyyât, les poésies bacchanales, avec la description des banquets et des jardins. Abû Nuwâs, dans ses poésies chantant le vin, décrit des fleurs qu'il compare à des parties du corps, tels les joues comparées à des roses ou des yeux comparés à des narcisses. Abû Tammâm insère aussi dans sa poésie la description des fleurs : celle-ci remplace même le nasîb, le prologue amoureux, par la description du printemps et des fleurs. C'est le poète persan Jalâl al-dîn Rûmî qui fit de la description des fleurs un poème indépendant. Si l'Iran, ainsi que l'atteste le vocabulaire de l'horticulture, a brillé dans le domaine de la poésie printanière, d'autres contrées du monde musulman se sont associées à cet amour des fleurs. En Andalousie, des poètes se sont fait les chantres de la nature et des fleurs. Ibn Khafaja, mort en 1137, est sans doute le plus connu d'entre eux. Dans un poème, il décrit un paysage qui est, en réalité, inspiré par le corps de la femme qu'il aime : "Le matin retirait aux corolles leurs voiles, tout embuée du parfum des fleurs. Dans le vallon, la marguerite tend les lèvres sans cesse vers le sein généreux des nuées. Tout au creux du jardin, la main du vent d'est sème des perles de rosée et des drachmes de fleurs. Un rameau s'est vêtu, çà et là, sur le sable. Les bulles sont joyeux aux tresses des rivières.". M. A. Haddadou [email protected]