Tous ces prénoms féminins font référence aux fleurs. Zedjiga (écrit aussi Jedjiga) est d'origine berbère et se rencontre en Kabylie où il est encore employé. Il provient de azedjig "fleur", avec un verbe djudjeg "fleurir". Il existait au Moyen Âge un pendant masculin du prénom, Zedjig. Les autres prénoms sont d'origine arabe et relèvent de la racine wrd : Ouard "fleur", non collectif, Ouarda "fleur", nom d'unité, Ourida et Ouardia, formes dialectales du précédent. Un masculin, Ouerdan, est attesté mais rare. Les fleurs ont occupé une place importante dans la culture musulmane : symbole de beauté, elles ont inspiré des dizaines de poètes et suscité de nombreuses recherches. Des genres poétiques consacrés aux fleurs furent développés : rawdiyyât, de rawda "jardin, parc fleuri", rabîiyyât, de rabî "printemps", zahriyyât, de zahra "fleur". Au XIe siècle, le poète Abû l-Walîd al-Himyarî réunissait ces genres en un Bad'e fi wasf al-rabî, le merveilleux dans la description du printemps. Il y distingue les poèmes sur le printemps, sans description de fleurs, des poèmes où on décrit des fleurs, des poèmes consacrés à une seule fleur. Ces genres poétiques se sont développés à l'époque abbasside, sous l'influence de la Perse qui a également exporté son art des jardins dans le reste du monde musulman. Les genres poétiques floraux sont d'abord apparus dans les khumriyyât, les poésies bacchanales, avec la description des banquets et des jardins. Abû Nuwâs, dans ses poésies chantant le vin, décrit des fleurs qu'il compare à des parties du corps, telles que les joues comparées à des roses ou des yeux comparés à des narcisses. Abû Tammâm insère aussi dans sa poésie la description des fleurs : celle-ci remplace même le nasîb, le prologue amoureux, par la description du printemps et des fleurs. C'est le poète persan Jalâl al-Dîn al-Rûmî qui fit de la description des fleurs un poème indépendant. Dans la poésie algérienne, d'expression berbère ou arabe, la fleur est également à l'honneur. C'est un symbole de beauté, de charme et de grâce, mais aussi de fragilité, parce que les fleurs, une fois cueillies, ne tardent pas à dépérir. M. A. H.