La chambre d'accusation près la cour d'Alger a statué, hier en fin d'après-midi, pour le maintien des mandats de dépôt délivrés le 8 juin dernier par le juge de siège à l'encontre des principaux accusés dans l'affaire de cocaine saisie au port d'Oran, à savoir l'importateur de viande surgelée, Kamel Chikhi, deux de ses frères, l'un de ses associés, un employé de sa société Dounia Meat, ainsi que son directeur commercial. La justice a estimé que les faits reprochés aux six accusés sont assez graves pour ne pas autoriser une mise en liberté provisoire. Les chefs d'inculpation qui pèsent sur eux, à savoir "importation, commerce, distribution de drogue et blanchiment d'argent", sont passibles de la peine de mort, selon le code de procédure pénale. Les sept membres du collectif de la défense, tous des ténors du barreau d'Alger, avaient, dès le matin, peu d'espoir de voir leur requête aboutir, car désormais, l'empire de Kamel Chikhi est l'objet d'un complément d'enquête judiciaire pour corruption, favoritisme et blanchiment d'argent. Il y a trois jours, quatre magistrats de haut rang ont été suspendus de leurs fonctions par le ministre de la Justice pour leurs liens présumés avec ce principal suspect dans l'affaire des 701 kg de cocaïne saisis le 29 mai dernier au port d'Oran. En l'occurrence, le président du tribunal administratif d'Alger, la procureure adjointe près la cour d'Alger, le procureur de la République près le tribunal de Boudouaou et son substitut. Ces quatre magistrats sont soupçonnés d'être intervenus en faveur de Kamel Chikhi pour l'acquisition de biens immobiliers lors de ventes aux enchères publiques supervisées par les services du ministère de la Justice. Dans son édition d'hier, le journal El Khabar croit savoir qu'en contrepartie, Kamel Chikhi leur promettait d'importantes promotions de carrière. Hier à la Cour d'Alger, des sources évoquaient des pots de vin et "des cadeaux immobiliers" offerts par le promoteur immobilier à d'autres relais au niveau de la justice, afin de lui permettre de remporter des procès au niveau des tribunaux administratifs. Kamel Chikhi a investi ces quatre dernières années dans l'achat de terrains et d'espaces verts sur lesquels il a construit des résidences de luxe. Aucune procédure judiciaire enclenchée par les riverains n'a abouti à une condamnation. Nissa Hammadi