Les avocats de la défense ont insisté sur le caractère politique du procès. À l'issue d'un procès en appel marathonien, le verdict rendu par le président du tribunal criminel est tombé. Une condamnation à une peine de 10 ans de prison ferme prononcée par le tribunal de première instance, le 24 mai dernier à l'encontre du blogueur Touati Merzoug a été commuée en 7 ans de prison ferme et en une interdiction de quitter le territoire national pendant 5 ans. Il avait été condamné à 10 ans de prison ferme, à une amende de 50 000 DA et à une déchéance de ses droits civiques pendant 5 ans. Au premier procès, la défense avait été assurée par deux avocats, Mes Salah Dabouz et Hamaili Boubakeur Essedik. Au procès en appel, le collectif de défense de Merzoug Touati a été étoffé par les avocats Mokrane Aït-Larbi, Hakim Saheb, Djamal Benyoub et Abdelkader Mellah. Le tribunal a retenu, contre le blogueur, l'accusation d'"entretien avec les agents d'une puissance étrangère et intelligence de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique de l'Algérie ou à ses intérêts économiques" et d'"incitation à un rassemblement armé contre l'autorité de l'Etat". L'accusé s'est montré tout au long de son interrogatoire par le juge et le représentant du ministère public, d'un sang-froid inouï et d'une conviction inébranlable d'opposant. La défense a tenté de convaincre le tribunal que le procès est un procès politique. Les plaidoiries ont été ouvertes par Me Mokrane Aït-Larbi qui a tenu à dénoncer "la répression contre les manifestants qui se sont rassemblés devant la cour, en faveur de la libération de Merzoug Touati". "Il s'agit d'un procès contre tous ceux qui s'opposent au système et au pouvoir. Je note dans l'arrêt de renvoi que Merzoug Touati est un bon citoyen et le voilà au banc des accusés pour ses écrits et déclarations sur le Net contre le pouvoir", plaide-t-il. Et de rappeler dans la foulée de sa plaidoirie qu'en "juin 1991, l'ex-parti dissous avait organisé des marches paramilitaires à Alger et qui avaient été autorisées par le pouvoir, et que Madani Mezrag qui a pris les armes contre ‘l'Etat' et avoué ses crimes terroristes sur un plateau de télévision, n'a pas été traduit devant une juridiction criminelle mais promu au statut de personnalité politique nationale en l'invitant à la présidence de la République". Me Salah Dabouz insiste dans sa plaidoirie sur "la non-convocation des personnes citées dans l'arrêt de renvoi ne serait-ce qu'en tant que témoins par le juge en charge de l'instruction du dossier". Des noms cités dans l'arrêt de renvoi et que la défense a demandé d'identifier et de convoquer. Requête à laquelle le juge en charge de l'instruction du dossier n'a pas répondu favorablement. Il s'agit, notamment, de Kliba Hassan, porte-parole du ministère des affaires étrangères israélien pour le monde arabe, et d'un certain juif virtuel de Nedroma (Tlemcen). C'est ce dernier qui a proposé le financement d'une fitna entre Amazighs et Arabes d'Algérie, le blogueur avait "décliné l'offre". "Je doute que ce soi-disant juif de Nedroma soit un policier. Sinon comment la justice a-t-elle refusé de l'identifier et de le convoquer au procès ?" déclare Me Salah Dabouz avant de céder la parole à Me Djamal Benyoub. D'une voix tonitruante, l'avocat a tenu à saluer avant tout "le courage et la sincérité" de son client pour ses réponses données au juge et au procureur de la République. "C'est un citoyen militant pacifique contre le pouvoir et soucieux de l'avenir de son pays. Animé d'une fibre patriotique, il a choisi, contrairement aux autres jeunes de sa génération qui ont opté pour la harga, de rester au pays pour lutter contre le pouvoir et le système." Me Saheb soulignera que le procès qui est avant tout politique, a été intenté contre toute la société. "C'est un procès beaucoup plus politique. Heureusement qu'aujourd'hui nous sommes devant un tribunal réel et non virtuel comme ces noms cités dans l'arrêt de renvoi et que la justice n'a pas identifiés et n'a pas convoqués au procès, ne serait-ce que comme témoins." L. OUBIRA