"La scène politique nationale est marquée par un brouillard qui renforce le statu quo et confirme l'impasse politique, ce qui rend difficile, voire impossible, toute alternative crédible", a estimé, hier, le Premier secrétaire du FFS, Hadj Djilani, à l'ouverture de la session extraordinaire du conseil fédéral du parti, à Constantine. Pour Mohamed Hadj Djilani qui s'attelle à relancer l'action politique du parti au niveau des fédérations, conformément à la feuille de route tracée par la direction du FFS et à travers l'installation des commissions administratives fédérales devant préparer les élections des conseils fédéraux, la redynamisation des instances et structures du parti n'est pas chose aisée, justement en raison du flou politique entretenu par le pouvoir en place. Un flou marqué, selon lui, par "les violations de la Constitution, la concentration des pouvoirs et la centralisation de toutes les formes de gouvernance qui consacrent la nature autoritaire du pouvoir". Thème d'actualité, le projet de loi de finances complémentaire 2018 révèle, pour l'orateur, la nature du régime. Il y décèle que "la moitié du budget est affectée directement ou indirectement à la sécurité nationale" et s'interroge si celui-ci est destiné "à réprimer les syndicats, les collectifs et toutes les voix portant des revendications légitimes ?". Et d'appuyer que "les citoyens s'attendent à ce qu'on les protège mieux contre les atteintes à leurs droits politiques, économiques et sociaux et qu'on cesse les pressions et les intimidations à l'encontre des travailleurs, des médecins, des enseignants, des étudiants et des syndicalistes". Hadj Djilani estime, en outre, qu'en imposant de nouvelles charges aux citoyens, le projet de loi de finances complémentaire 2018 démontre davantage l'orientation libérale du régime. "Ce projet de loi démontre le caractère antisocial, anticonstitutionnel et antinational que nous ne cesserons pas de dénoncer tant que les décideurs poursuivent leur politique de mener le pays vers un libéralisme sauvage trahissant les principes du 1er Novembre 1954 et de la Plateforme de la Soummam", soutient le premier secrétaire du FFS. L'amélioration du bien-être des citoyens, qui est l'apanage d'un véritable Etat social, n'est pas de mise à travers cette loi de finances complémentaire qui aggrave, selon lui, les inégalités. "D'un côté, on appauvrit davantage une majorité de citoyens et, de l'autre, une minorité composée d'une clientèle d'affairistes, de barons de l'import-export, de détenteurs de marchés et de crédits publics est enrichie par le régime", peste-t-il, en estimant que "sans une volonté politique réelle pour la mise en place d'un système budgétaire et fiscal efficace et transparent, le modèle économique national ne pourra être organisé ou renforcé". S'agissant du front social, Hadj Djilani fustige également le régime pour "son entêtement à préconiser la gestion brutale des conflits sociaux, le rejet du dialogue et la répression aveugle des mouvements sociaux poussant à une situation de pourrissement dont il sera le seul et unique responsable". Pour exemple, il évoquera "l'exclusion des étudiants de l'Institut national des technologies de l'information et de la communication et des syndicats autonomes, l'incapacité de régler le problème des médecins résidents" qui sont à ses yeux autant de signaux de "la panique du régime et de sa mauvaise gouvernance qui mettent en danger la cohésion sociale et la stabilité du pays". Plaidant pour l'ouverture du champ politique et médiatique, le premier secrétaire du FFS réitère l'attachement de son parti à un vrai débat sur les possibilités de sortie de crise et l'urgence d'un dialogue social avec toutes les forces vives et autonomes du pays en les appelant à "la vigilance, la responsabilité et la mobilisation pour préserver l'unité de la nation, l'intégrité territoriale et la souveraineté nationale, et à poursuivre le combat pacifique pour l'instauration d'un Etat de droit, de démocratie et de justice sociale". Le FFS qui croit, selon son responsable, qu'un consensus national autour de la démocratie politique, du respect des droits de l'Homme, de l'Etat de droit et de justice sociale est élémentaire pour trouver une issue à la crise sans hypothéquer l'avenir des citoyens. Un consensus incompatible, à ses dires, avec "la voie libérale prônée par ce régime et qui ne peut se concrétiser sans le respect des pluralismes politique, linguistique, syndical et des libertés fondamentales". Kamel Ghimouze