En progression de près de 20% depuis le début de l'année 2018 et de plus de 75% depuis qu'ils ont atteint un point bas de 45 dollars en 2017, les cours du pétrole brut Brent ont, en mai 2018, dépassé les 80 dollars. Cette hausse des prix correspond à un rééquilibrage des fondamentaux sur le marché pétrolier, mais aussi à une montée du risque géopolitique au sein des pays producteurs de pétrole. C'est ce que relève la Coface qui vient de publier le baromètre risques pays et sectoriels pour le 2e trimestre 2018. Dans un encadré au prix du pétrole, l'assureur crédit français indique que "l'accord de limitation de production des membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de leurs partenaires (dont la Russie, premier producteur mondial), décidé dans le but de mettre fin à une situation prolongée de surabondance de l'offre à l'origine de la dégringolade des prix, a finalement porté ses fruits après des résultats difficilement perceptibles dans les six premiers mois de 2017". Pour la Coface, l'atteinte de cet objectif a été facilitée, bien involontairement, par l'effondrement de la production au Venezuela, en proie à une crise économique, sociale et politique. Le déclin naturel des réserves exploitables prouvées, ajoute la Coface, pèse également sur la production de nombreux pays, particulièrement en Afrique (Algérie, Angola, Gabon, Guinée équatoriale). "Si l'incertitude politique au Moyen-Orient (Yémen, Irak, Syrie) a été un facteur de hausse des prix ces derniers mois, c'est la décision du président des Etats-Unis Donald Trump de se retirer du Plan d'action global commun, plus connu sous le nom d'accord sur le nucléaire iranien, qui a permis de dépasser le seuil de 80 USD", soutient l'assureur crédit français. En effet, cette décision est synonyme de réimposition des sanctions qui avaient été levées dans le cadre de cet accord signé en 2015. En 2011-12, lorsque les sanctions avaient été durcies par les Etats-Unis, l'UE et l'Organisation des nations unies (ONU), la production iranienne avait ainsi été amputée de quelque 800 000 barils/jour en moyenne et les exportations divisées par deux. "La décision des Etats-Unis, isolés cette fois-ci, ne devrait pas avoir un impact de la même ampleur, mais, dans un marché pétrolier désormais tendu, une réduction estimée à minima à 200 000 barils/jour augmenterait le risque de sous-approvisionnement", estime la Coface, pour qui un scénario d'offre insuffisante sur le marché dans les prochains mois, poussant les prix au-delà des 100 dollars, semble exclu. L'assureur crédit français met en avant la hausse continue de production aux Etats-Unis, qui pourraient devenir le premier producteur mondial de brut dès la fin de l'année et l'assouplissement de l'accord de l'Opep. En conséquence des développements sur les prix du pétrole au premier semestre et de sa perception du marché pétrolier, Coface a décidé de revoir à la hausse sa prévision de pétrole à 75 dollars le baril en moyenne pour 2018, correspondant à une hausse de prix de 30% par rapport à son prix moyen en 2017 estimé à 54,79 dollars le baril. M. R.