Dans son «Baromètre risques pays et sectoriels trimestriel» publié hier et dont l'APS a obtenu une copie, la Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur (Coface) a revu à la hausse sa prévision de pétrole à 75 dollars le baril en 2018, relevant que les cours du pétrole sont en progression de près de 20 % depuis le début de l'année. Selon la Coface, «correspondant à une hausse de prix de 30% par rapport à son prix moyen en 2017 (54,79 dollars), un tel niveau de prix permettrait à bon nombre des exportateurs des pays du Golfe (Irak, Koweït, EAU, Oman, Qatar) et d'Asie centrale (Azerbaïdjan, Kazakhstan, Turkménistan et Ouzbékistan) d'atteindre, ou du moins de se rapprocher, de l'équilibre fiscal et extérieur». La Compagnie d'assurance explique qu'en progression de près de 20 % depuis le début l'année 2018 et de plus de 75 % depuis qu'ils ont atteint un point bas de 45 dollars en 2017, les cours du pétrole brut Brent ont, en mai 2018, dépassé les 80 dollars, estimant qu'il s'agit de leur niveau le «plus haut» depuis la fin de l'année 2014. Pour la Coface, «cette hausse des prix correspond à un rééquilibrage des fondamentaux sur le marché pétrolier, mais aussi à une montée du risque géopolitique au sein des pays producteurs de pétrole». L'accord de limitation de production des membres de l'Opep et de leurs partenaires (dont la Russie, premier producteur mondial), décidé dans le but de mettre fin à une situation prolongée de surabondance de l'offre à l'origine de la dégringolade des prix, «a finalement porté ses fruits après des résultats difficilement perceptibles dans les six premiers mois de 2017», estime la Coface. Si l'incertitude politique au Moyen-Orient (Yémen, Irak, Syrie) a été un facteur de hausse des prix ces derniers mois, la compagnie d'assurance est toutefois convaincue que c'est la décision du président Donald Trump de se retirer de l'accord sur le nucléaire iranien, qui a permis de dépasser le seuil de 80 dollars, estimant que l'impact de cette décision sur la production pétrolière de l'un des principaux producteurs mondiaux (Iran) pourrait ainsi réduire l'offre d'or noir sur le marché. Elle rappelle dans ce sens qu'en 2011-12, lorsque les sanctions avaient été durcies par les Etats-Unis, l'UE et l'Organisation des Nations unies (ONU), la production iranienne avait ainsi été amputée de quelque 800.000 barils par jour en moyenne et les exportations divisées par deux. La Coface considère que malgré quelques signes de fléchissement dans l'activité mondiale, le contexte économique relativement robuste «devrait continuer à stimuler la demande, après un hiver froid aux Etats-Unis et en Europe, qui a été favorable à la consommation», qualifiant de «prématuré» le retour des prix à 100 dollars au second semestre 2018. Par ailleurs, on sait que les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ont convenu vendredi à Vienne de limiter à 100% leur niveau de respect des engagements pris dans le cadre de l'accord de baisse, ce qui va ramener à une augmentation effective de 757.000 barils/jour, selon les indications données par le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, cité par l'APS. «En mai 2018, nous avons réalisé un taux de conformité de 152 % par rapport aux quotas mis dans l'accord (de la baisse). Les 52% de plus, soit 757.000 barils/jour qui n'ont pas été produit, vont être repris», a expliqué M. Guitouni dans une déclaration à l'issue de la 174ème Conférence ministérielle de l'Opep.