"L'impact social de l'œuvre chantée de Matoub est aujourd'hui plus que jamais retentissant, notamment auprès des jeunes kabyles et maghrébins", notera, dans son allocution d'ouverture, le professeur Kamal Bouamara. L'idole par excellence de la jeunesse kabyle, Lounès Matoub, revient, cette semaine, à la faveur de la commémoration du 20e anniversaire de son assassinat. Tué par un groupe terroriste, le 25 juin 1998, sur la route des Ath Douala, alors qu'il rentrait chez lui, à Taourirt-Moussa, le chantre de l'amazighité et de la démocratie, surnommé le "Rebelle", ne cesse de fasciner, à travers son œuvre, sa bravoure et son engagement de militant pour les causes justes, toutes les générations, notamment les jeunes de Kabylie. Pour les responsables de l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa, le meilleur hommage à rendre à Lounès Matoub, consiste à revisiter son parcours à travers ses différentes facettes. Outre l'importance du patrimoine immatériel qu'il a légué, l'enfant prodige des Ath Douala demeure le symbole du combat identitaire dont l'estime et la réputation dépassent les frontières des pays nord-africains. Ainsi, le Département de langue et culture amazighes (DLCA) de l'Université de Béjaïa et le Centre national de langue et culture amazighes (CNLCA), qui a ouvert ses portes cette année, au campus universitaire d'Aboudaou, ont décidé de lui consacrer un colloque international, tenu les 19, 20 et 21 juin derniers. Pas moins de soixante-dix chercheurs universitaires, venus de plusieurs universités algériennes, mais aussi de France, du Maroc et du Canada, ont pris part à cette grande manifestation scientifique, première du genre en Algérie. Lors de cette rencontre, les différents intervenants se sont attelés à disséquer et à décortiquer l'œuvre poétique et le patrimoine musical de Lounès Matoub. Ces conférenciers ont tenu notamment à mettre en exergue l'engagement politique de l'artiste disparu, plus particulièrement dans la lutte pour la réhabilitation de l'identité et de la culture amazighes, la démocratie et les droits humains. "L'impact social de l'œuvre chantée de Matoub, est aujourd'hui plus que jamais retentissant, notamment auprès des jeunes kabyles et maghrébins", notera, dans son allocution d'ouverture, le professeur Kamal Bouamara, président de ce colloque. Selon l'orateur, l'objectif principal de cette rencontre vise à "faire connaître davantage l'homme, son parcours et son œuvre, riche de 218 chansons, sans oublier les nombreux articles de presse et de livres qui lui sont dédiés". Pour sa part, le Pr Boualem Saïdani, recteur de l'université de Béjaïa, a tenu à souligner qu'au-delà de cet objectif, "la communauté universitaire de Béjaïa compte sensibiliser sur cet héritage légué par Matoub qui fait partie de notre patrimoine culturel". Avant d'ajouter que "l'œuvre de ce grand chanteur devrait faire l'objet de thèmes de recherche pertinents qui développeront de manière didactique et scientifique ses multiples facettes". De son côté, le Pr Ahmed Boualili de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou relèvera dans sa communication que "Lounès Matoub est un philosophe existentialiste méconnu". Selon lui, "il est un homme d'action. Pragmatique, mais il est profondément humaniste. Il est de toutes les luttes. Il s'oppose aux religions, à l'hégémonie de l'Etat, aux calculs politiques manipulateurs, à l'oppression au nom d'un dogme ou d'une langue. Aussi, il s'oppose à l'essentialisme et à la prédestinée humaine. Il est profondément convaincu que l'Homme doit contribuer par l'agir à sa destinée". Notons, enfin, que le président de l'APW de Béjaïa s'est engagé, lors de la cérémonie d'ouverture des travaux de cette rencontre, à prendre en charge le financement de la publication des actes de ce colloque. Kamel Ouhnia