Le vote, hier, à l'Assemblée nationale, de certains projets de loi, et loi organique, notamment celle relative à l'Académie algérienne de langue amazighe, n'a pas eu l'assentiment des partis de l'opposition démocratique. Ainsi, le Front des forces socialistes (FFS) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) n'ont pas été favorables, dans leurs réactions, au vote de ces projets de loi, notamment celui portant loi organique relative à l'Académie de langue amazighe. Le FFS comme le RCD, qui se sont abstenus de voter la loi, estiment que le texte présenté est en contradiction avec la Constitution qui a consacré tamazight langue nationale et officielle. "La Constitution prévoit une loi organique pour la concrétisation de l'officialisation et la promotion de la langue amazighe, sauf que les députés ont reçu un texte d'une loi organique relative à une académie de langue amazighe", ont écrit les députés du FFS. Même réaction des députés du RCD qui ont dénoncé "un véritable recul" de la part de l'Exécutif. "Attendu par des millions d'Algériens, le projet de loi portant sur la loi organique de l'Académie algérienne de langue amazighe s'est avéré, en fin de compte, un véritable recul", ont-ils dénoncé, ajoutant qu'"au lieu de proposer une loi pour la mise en œuvre de l'article 4 consacrant l'officialité de la langue amazighe, le gouvernement réduit le texte à une académie qu'il a vidée de son âme en évitant d'aborder les questions des missions et des moyens à mettre en œuvre pour consacrer tamazight comme une langue des institutions pour lui assurer un meilleur développement". Tout en plaidant pour le retrait de ce texte, les députés du RCD ont appelé "les rédacteurs du texte à se conformer aux dispositions de la Constitution pour garantir une meilleure prise en charge de la langue amazighe". Concernant le projet de loi de finances complémentaire (PLFC), le FFS a fait savoir que ses députés se sont abstenus de voter, malgré "les changements imposés par les députés et l'opinion publique". Les députés du FFS expliquent que leur opposition à la LFC-2018 est motivée par le principe de la "défense des intérêts des citoyens", mais également par le fait que ses dispositions sont "un abandon des acquis de l'Etat social". Les élus du FFS ont ajouté, à ce propos, que le recours à une LFC "est une preuve que l'Exécutif a échoué", qu'il y a "manque de vision stratégique et prospective dans la gestion des affaires du pays" et que les solutions apportées "relèvent du rafistolage pour gagner du temps". À souligner que le groupe parlementaire du FFS a tenu, dans sa déclaration, à rendre hommage à Matoub Lounès à l'occasion du 20e anniversaire de son assassinat, qui coïncide avec le vote de la loi organique relative à l'Académie amazighe. Le FFS a appelé, à l'occasion, à faire la lumière sur ce lâche assassinat. Pour sa part, le Parti des travailleurs (PT) estime que la loi organique relative à l'Académie amazighe et son vote par l'Assemblée constituent "une autre victoire pour la cause". "La création de l'Académie est un autre acquis qui vient s'ajouter aux autres conquêtes de la cause amazighe, grâce à l'engagement interminable de militants, mais aussi grâce à la volonté politique qui existe au sommet de l'Etat", ont écrit les députés du PT. Même réaction pour la LFC-2018, puisque le PT se félicite de la suppression de la taxe sur les documents biométriques et de la privatisation des terres agricoles, décidée lors du dernier Conseil des ministres, mais aussi de la mobilisation de quelque 500 milliards de dinars pour le dégel des projets bloqués. Sur la loi portant exception de l'inconstitutionnalité des lois, le PT considère que cette loi entre dans le cadre de la lutte pour l'indépendance de la justice et de la séparation des pouvoirs. Mohamed Mouloudj