Au tribunal de Sidi M'hamed, comme à la cour d'Alger, de nombreux noms circulent avec insistance en lien avec les quatre instructions en cours autour de l'empire de l'importateur et promoteur immobilier Kamel Chikhi. Il s'agit de deux généraux-majors, d'un actionnaire d'un groupe agroalimentaire, d'un concessionnaire automobile ainsi que de deux membres de la famille de l'ex-DGSN. "C'est la guerre des clans qui est ouverte dans le sillage de l'affaire de saisie de la cocaïne à Oran", commente un membre du barreau d'Alger. Pour l'instant, l'investigation judiciaire, élargie à ces personnes, n'est pas confirmée officiellement. Kamel Chikhi, principal suspect dans l'affaire de saisie des 701 kg de cocaïne au port d'Oran à la fin du mois de mai dernier, est ciblé, pour rappel, par trois autres instructions judiciaires : corruption, blanchiment d'argent et trafic d'influence. Mardi dernier, le promoteur immobilier a été présenté pour la deuxième fois devant le juge d'instruction afin de lui notifier les chefs d'inculpation retenus contre lui dans le cadre de l'instruction en cours sur ses activités dans le domaine de la promotion immobilière. Le prévenu aurait corrompu de nombreux fonctionnaires de l'urbanisme et des conservations foncières, dans la capitale, pour acquérir des assiettes foncières et obtenir des permis de construire et d'extension de bâtis existants. Plusieurs cadres des services de l'urbanisme et du foncier d'Alger ont été déjà placés, au début de cette semaine, sous mandat de dépôt ou contrôle judiciaire. Lors de la conférence de presse qu'il a animée, lundi en marge des travaux de l'Assemblée nationale, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, n'a pas occulté l'implication de plusieurs fonctionnaires de la justice dans cette affaire aux ramifications multiples. Tout en rappelant le principe de la présomption d'innocence, le ministre a précisé que les personnes interpellées jusqu'à présent sont soupçonnées d'avoir bénéficié de cadeaux, en contrepartie de largesses accordées à Kamel Chikhi, illégalement. N. H.