Pour le mouvement Mouwatana, "l'affaire de la cocaïne, qui a pris l'allure d'une crise d'Etat, a exacerbé les luttes internes au sein du régime et a dévoilé aux Algériens l'étendue du délabrement des institutions sous le règne de M. Bouteflika". L'instance de coordination de Mouwatana, réunie mardi 26 juin, a constaté avec "une extrême inquiétude, les révélations faisant suite à la saisie de stupéfiants, devenue, à l'évidence, une affaire d'Etat". Dans un communiqué intitulé "Affaire d'Etat", signé par la porte-parole du mouvement, Zoubida Assoul, rendu public, hier, il est souligné que "les accointances de membres de différentes institutions et en particulier du corps de la justice dans les opérations de blanchiment d'argent, de corruption dans le foncier, des passe-droits dans les grands projets immobiliers et surtout de trafic de drogue montrent l'ampleur de la corruption qui sévit dans le pays !". Ainsi donc, pour Mouwatana, "les quantités effarantes de cocaïne saisies, les sommes colossales thésaurisées et les liens tissés entre la criminalité internationale et des réseaux intérieurs sous la couverture de hauts fonctionnaires véreux démontrent à l'opinion publique l'ampleur du système de corruption mis en œuvre en lieu et place d'un Etat de droit". Le mouvement considère que "les complicités sont telles, que les hautes sphères du pouvoir se trouvent directement ou indirectement impliquées dans ces scandales", et que, par conséquent, "la responsabilité politique du président Abdelaziz Bouteflika et de son régime est objectivement totalement engagée". Le constat est cinglant, et la signataire du communiqué le fait savoir sans détour. "Les Algériens savent maintenant pourquoi l'homme invalide, ne pouvant ni suivre les événements, ni arbitrer les conflits, ni surtout imposer des sanctions, nous a été imposé et pourquoi le 5e mandat est envisagé. L'impunité a encouragé la prédation à laquelle s'est attelée une bande de malfaiteurs qui a infesté les institutions de la République." Le mouvement Mouwatana, né à la suite d'un appel signé par 14 personnalités, fin mai dernier, et dans lequel elles exhortaient le chef de l'Etat à renoncer à un cinquième mandat, estime, dans son deuxième communiqué du genre, que "la guerre des clans étant déclarée, le couvercle sera levé au moins sur une partie de la vérité. Le risque maintenant est que les règlements de comptes débordent en faisant payer les seconds couteaux et les innocents". Le mouvement s'inquiète aussi du fait que "ce n'est plus le régime seulement qui est menacé d'effondrement mais l'Etat tout entier". La cause : "L'affaire de la cocaïne, qui a pris l'allure d'une crise d'Etat, a exacerbé les luttes internes au régime et a dévoilé aux Algériens l'étendue du délabrement des institutions sous le règne de M. Bouteflika." Par ailleurs, il est à signaler, que pour sa seconde réunion en l'espace d'un mois, l'instance de coordination a décidé "l'ouverture du mouvement aux organisations politiques et civiles ainsi qu'aux citoyens désireux de s'y engager. Une charte de la citoyenneté sera bientôt rendue publique et une plateforme d'inscription sera mise en place pour les adhésions directes". En attendant, Mouwatana "appelle les Algériens, en particulier la classe politique et la société civile, à se départir d'une position de résignation et à prendre leur responsabilité politique en exigeant la vérité sur les dérives du régime, en les condamnant et en s'engageant activement en faveur du véritable changement auquel aspire le pays". Enfin, le mouvement persiste et signe : "La renonciation au 5e mandat, l'organisation d'une vraie élection présidentielle et l'ouverture d'une période de transition pour refonder l'Etat sont la voie la plus sûre pour retrouver une vraie stabilité, réhabiliter le droit et engager le pays sur la voie de la dignité et du développement." Mehdi Mehenni