La solidarité avec le blogueur Merzoug Touati, condamné à sept ans de prison ferme par la justice algérienne, s'élargit. Une pétition pour réclamer sa libération vient, en effet, d'être lancée par le comité qui s'est constitué pour organiser la solidarité avec celui que l'avocat Mokrane Aït Larbi qualifie de "détenu d'opinion". "Quelle que soit l'appréciation politique que l'on peut avoir sur cette affaire, l'acte reproché à Merzoug Touati relève du délit d'opinion. Dans l'ordonnance de renvoi, n'est-il pas accusé clairement d'être un ‘opposant politique' ?", écrit le comité dans le texte de la pétition. Condamné en première instance à dix ans de prison ferme pour notamment "intelligence avec une puissance étrangère de nature à nuire aux intérêts diplomatiques de l'Algérie", Merzoug Touati, 29 ans, titulaire d'un master en économie, qui travaillait comme ouvrier dans le bâtiment, a vu sa peine réduite en appel à sept ans. "N'ayant accès à aucune information sensible et encore moins à des secrets d'Etat, l'accusation est donc sans fondement", souligne le texte. C'est pourquoi les signataires, dont la liste sera rendue publique, et parmi lesquels des personnalités politiques, des intellectuels, des journalistes et des acteurs syndicaux et de la société civile, tiennent à exprimer leur "solidarité avec Merzoug Touati et sa famille" et "exigent sa libération pour mettre fin à une détention arbitraire pour délit d'opinion". Les signataires n'omettent pas également d'appeler à la "vigilance et à la lucidité". "Dans un climat délétère marqué par les luttes claniques de pouvoir, la stratégie de la tension risque d'engendrer de graves dérapages", mettent-ils en garde. Cette pétition, dont les initiateurs s'attendent à un large écho, s'inscrit dans une série d'actions engagées par le comité. C'est ainsi qu'une déclaration est attendue à l'occasion du 5 Juillet, tandis que ses avocats préparent le mémoire à déposer à la cour de Béjaïa après la décision de Merzoug Touati d'introduire un pourvoi en cassation. Aussi, son cas sera soumis aux experts du comité des droits de l'Homme de l'ONU qui auront à examiner aujourd'hui le rapport de l'Algérie sur les mesures qu'elle a prises pour l'application du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). "Nous exprimons notre plus vive solidarité à l'endroit de Merzoug Touati et de sa famille et nous saluons chaleureusement la mobilisation citoyenne en sa faveur portée par des comités de soutien et de solidarité, en Algérie, ainsi que par des organisations de défense des droits humains. Nous sommes reconnaissants envers l'équipe d'avocats qui a plaidé la cause du jeune blogueur", a écrit, il y a quelques jours, le comité de soutien créé à Québec, au Canada. "Nous restons mobilisés pour la libération de Merzoug Touati et déterminés à faire connaître sa cause à l'échelle internationale. Nous appelons tous les citoyens épris de justice à exiger sa libération. Notre démarche se veut non partisane et s'inscrit dans un large mouvement de solidarité avec l'ensemble des détenus d'opinion en Algérie", ajoute le comité. Karim Kebir