La wilaya de Béjaïa est en passe de bénéficier d'un projet de 1 milliard de dollars portant sur l'implantation d'une raffinerie de pétrole qui devrait générer quelque 3 000 emplois directs. Cette “alléchante” nouvelle est colportée ces derniers jours par certains propagandistes issus des milieux politiques proches des pouvoirs publics qui ne cessent de vanter “l'importance” d'un tel projet. Pour ces derniers, le choix de la région de Béjaïa n'est pas fortuit, puisque pas moins de trois autres wilayas se disputent cette raffinerie. Il s'agit de Boumerdès, Oran et Skikda. Selon la même source, si le gouvernement a tenu à ce que ce projet de grande envergure soit réalisé à Béjaïa, c'est parce que cette décision entre dans le cadre du programme de relance économique alloué spécialement à la Kabylie qui a trop souffert ces dernières années en raison des évènements tragiques qu'elle a connus. Cela dit, même si la version officielle n'est pas encore connue, certaines indiscrétions émanant des services de la wilaya révèlent que ce choix a été fait par la commission d'évaluation de la Sonatrach qui a effectué des visites de prospection dans tous les sites proposés par les wilayas concernées. Composée d'éminents experts algériens et américains, cette commission qui s'est rendue récemment à Béjaïa pour explorer le site proposé par les services de la wilaya, à savoir la plaine longeant la voie ferrée et la RN26 au niveau du sens unique d'El Kseur. Bien qu'il soit un terrain à vocation agricole — une ferme d'agrumes héritée du colonisateur français, relevant du domaine agricole, actuellement exploitée par une EAC —, la commission d'évaluation qui s'est déplacée sur les lieux en présence des directeurs de la wilaya des services agricoles, des mines et de l'industrie ainsi que du chef de la daïra d'El-Kseur, a fini par retenir ce site pour abriter ce nouveau projet d'investissement dans le domaine des hydrocarbures. À noter que l'assiette foncière choisie par ladite commission est considérée comme “un terrain marécageux”, une manière de justifier la transformation de cette ferme séculaire, connue comme l'une des plus importantes orangeraies de la vallée de la Soummam, en une raffinerie de production pétrolière. Il faut toutefois préciser que ce projet risque de se heurter à une vive contestation de la population locale, notamment du côté du mouvement associatif dont certains animateurs et autres acteurs sociaux ne tarderont pas à afficher leur opposition à la réalisation de cette raffinerie qui, estiment-ils, ne manquera pas de porter un coup sérieux à l'environnement, du fait des fumées et rejets qu'elle dégagera dans la nature. Outre ce problème de pollution industrielle que soulèvent les partisans de l'écologie, l'implantation d'une raffinerie dans la wilaya de Béjaïa, une région déclarée “zone touristique par excellence”, viendrait comme un cheveu dans la soupe, relèvent encore d'autres observateurs. Kamel Ouhnia