Les Etats-Unis "payent beaucoup trop", a martelé le président américain, tout en dénonçant les faibles dépenses de l'Allemagne à laquelle il reproche l'achat de gaz russe alors que l'effort de défense est déséquilibré au sein de l'Otan. Ainsi, c'est sur fond de pressions de Donald Trump sur ses partenaires de l'Otan que s'est ouvert hier à Bruxelles le sommet de l'Alliance militaire. Voilà une réunion qui s'annonce houleuse en raison notamment du bras de fer engagé par les Etats-Unis sur la question de l'effort de défense que le président américain juge "déséquilibré". Les Etats-Unis "payent beaucoup trop", a martelé le président américain à la presse lors de sa rencontre avec le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg. "C'est disproportionné et injuste pour les contribuables des Etats-Unis", a réitéré Trump, qui a ajouté : "Nous protégeons l'Allemagne, la France. Nous protégeons tous ces pays. Et certains d'entre eux vont signer un contrat de gazoduc avec la Russie et des milliards de dollars vont dans leurs caisses." Il visait indirectement l'Allemagne et le projet de gazoduc Nord Stream 2 qui doit relier la Russie à l'Allemagne via la Baltique, qui inquiète Washington. "Donc nous sommes supposés vous protéger contre la Russie et vous lui donnez des milliards de dollars, je pense que c'est très inapproprié", a-t-il asséné. Ces déclarations virulentes de Trump n'ont pas manqué de faire réagir la chancelière allemande, qui a affirmé hier que l'Allemagne prend ses décisions de manière "indépendante". "Nous pouvons mener nos propres politiques, nous pouvons prendre des décisions indépendantes", a-t-elle déclaré, sans citer directement Trump, à son arrivée à Bruxelles. "J'ai moi-même vécu dans une partie de l'Allemagne occupée par l'Union soviétique. Je suis très heureuse que nous soyons aujourd'hui unis, dans la liberté, en tant que République fédérale d'Allemagne. Nous pouvons par conséquent mener nos propres politiques, nous pouvons prendre des décisions indépendantes", a répondu Merkel à Trump. "L'Allemagne fait aussi beaucoup pour l'Otan. Nous sommes le deuxième plus grand fournisseur de troupes, nous mettons la plupart de nos capacités militaires au service de l'Otan", a-t-elle ajouté. Toutes ces déclarations augurent d'un sommet houleux, d'autant plus que les chancelleries occidentales sont encore sous le choc de la volte-face du G7, le 10 juin dernier au Canada, lorsque Trump a refusé de cautionner le communiqué commun après l'avoir accepté. Jusqu'à la dernière minute, le président américain aura fait monter la pression. À la fin du mois de juin, il avait adressé une lettre à neuf pays, leur rappelant l'engagement pris en 2014 par les membres de l'Otan à porter leurs dépenses militaires à 2% du PIB d'ici 2024, visant particulièrement l'Allemagne (1,2% actuellement). À ce sujet, le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a déclaré hier juste avant le début du sommet que les Alliés tiendraient leurs engagements concernant un partage plus équitable des charges. Il a ajouté que les Alliés européens et le Canada allaient en principe consacrer à la défense 266 milliards de dollars des Etats-Unis supplémentaires entre aujourd'hui et 2024. Merzak Tigrine