Sa charge contre l'Allemagne, hier, s'est inscrite dans cette logique. «L'Allemagne est un pays riche. Elle peut augmenter sa contribution dès demain sans problème», a-t-il affirmé. Le SG de l'Otan, Jens Stoltenberg, est apparu dépassé par la violence de la diatribe. Le président américain Donald Trump a rencontré la chancelière allemande Angela Merkel en marge du sommet de l'Otan où il a dénoncé avec une extrême virulence les réticences de l'Allemagne à augmenter son budget militaire. Cette rencontre, au premier jour du sommet de l'Otan, fait suite à une charge violente contre l'Allemagne, accusée d'être «prisonnière» de la Russie pour ses approvisionnements en énergie et d'enrichir un pays considéré comme l'ennemi de l'Alliance. Mm»e Merkel a répondu, arguant que «l'Allemagne prend ses décisions de façon indépendante». Très remonté, le président américain est resté sourd aux tentatives d'explications du secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg, qu'il a rencontré avant l'ouverture officielle du sommet à Bruxelles. «L'Allemagne enrichit la Russie. Elle est prisonnière de la Russie», a-t-il martelé dans une longue diatribe contre la première puissance économique de l'UE. «L'Allemagne est complètement contrôlée par la Russie. Elle paie des milliards de dollars à la Russie pour ses approvisionnements en énergie et nous devons payer pour la protéger contre la Russie. Comment expliquer cela? Ce n'est pas juste», a-t-il encore asséné. Le président américain a dénoncé à plusieurs reprises le projet de doublement du gazoduc Nord Stream reliant directement la Russie à l'Allemagne et exige son abandon. Ce projet divise les Européens. Les pays de l'UE importent deux tiers (66%) de leurs besoins de consommation. En 2017, ceci a représenté 360 milliards de m3 de gaz, dont 55 milliards de m3 de GNL, pour une facture de 75 milliards d'euros, selon les statistiques européennes. A ce jour, la moitié du gaz acheté est russe, mais les Européens cherchent à briser cette dépendance. Les Etats-Unis sont engagés dans une stratégie de conquête de marchés pour leur gaz naturel. Ils ont exporté 17,2 milliards de m3 en 2017, dont 2,2% par méthaniers vers les terminaux de l'Union européenne. De fait, les Européens appréhendaient un sommet de l'Otan acrimonieux et difficile. Le président des Etats-Unis avait quitté Washington d'humeur belliqueuse, déclarant, avec le goût de la provocation qui est le sien, que sa rencontre avec le président russe Vladimir Poutine à Helsinki pourrait être «plus facile» que le sommet de l'Otan. Ce comportement exaspère sur le Vieux continent. Rompant avec le ton policé de ses prédécesseurs, le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, l'a interpelé mardi pour lui dire combien ses critiques presque quotidiennes étaient déplaisantes et l'a invité à «mieux considérer» ses alliés «car l'Amérique n'en a pas tant que ça». Il lui a également rappelé que l'Europe avait été «la première à réagir» après les attentats du 11 septembre 2001 sur le sol américain. Les Alliés se sont engagés en 2014 à consacrer 2% de leur PIB à leur défense en 2024, mais une quinzaine d'Etats membres, dont l'Allemagne, le Canada, l'Italie la Belgique et l'Espagne sont sous la barre de 1,4% en 2018 et seront incapables de respecter leur parole, ce qui ulcère Donald Trump. «Les pays de l'Otan doivent payer PLUS, les Etats-Unis doivent payer MOINS. Très injuste!», a-t-il tweeté avant son départ pour Bruxelles. «Ce n'est pas juste pour le contribuable américain». Sa charge contre l'Allemagne, hier, s'est inscrite dans cette logique. «L'Allemagne est un pays riche. Elle peut augmenter sa contribution dès demain sans problème», a-t-il affirmé. Jens Stoltenberg est apparu dépassé par la violence de la diatribe du président américain dont l'humeur va peser sur la réunion. Leur entretien avait pourtant bien débuté. «Je crois que le secrétaire général aime Trump. Il est sans doute le seul, mais ça me va...», avait ironisé Donald Trump en lui serrant la main. M. Stoltenberg a confirmé que les Alliés souhaitaient avoir des éclaircissements sur les intentions de Donald Trump avant sa rencontre avec son homologue russe. Toutes les décisions qui seront souscrites durant le sommet visent à renforcer la capacité de dissuasion de l'Alliance, selon Jens Stoltenberg. La veille de son arrivée à Bruxelles, Trump avait estimé que le Royaume Uni «était quelque peu dans la tourmente» à cause du Brexit, suscitant des interrogations à Londres. Dans le cadre de l'initiative américaine «4x30», les membres de l'Otan vont s'engager à être en mesure en 2030 de déployer sous 30 jours 30 bataillons mécanisés, 30 escadrilles et 30 navires de combat pour pouvoir faire face à une opération militaire de la Russie, identifiée comme un potentiel agresseur. «Nous avons augmenté la préparation de nos forces sur le flanc Est et nous prenons des décisions pour acheminer rapidement des renforts le cas échéant. Tout cela contribue à rendre notre dissuasion crédible», estime le secrétaire général de l'Alliance.