L'accroissement démographique se poursuit à un rythme soutenu en Algérie. C'est l'explosion démographique qui pointe à l'horizon. L'effectif des naissances vivantes est en nette progression d'année en année. À en croire les résultats d'une étude qui retrace l'évolution de l'état de santé de la population algérienne sur près de deux décennies, le taux annuel de natalité a crû pour atteindre, en 2017, 1 060 000 naissances. Ce chiffre réalisé déjà en 2016 constitue un record sur près de deux décennies, après avoir baissé de près de la moitié entre 1985 et 2000, passant respectivement de 885 000 à 589 000 naissances. Cette étude menée par la Direction de la population au ministère de la Santé et reprise par l'APS fait ressortir une moyenne de natalité en Algérie qui est la "plus élevée au monde", avec un taux de 25,40 pour 1 000 en 2017, alors que ce taux ne dépassait pas les 19,36 pour mille en 2000. Cette augmentation soutenue de la natalité place, selon la même étude, "l'Algérie, une fois de plus, parmi les pays ayant une natalité élevée dans le monde". Cette conclusion est tirée sur la base du rythme de la fécondité enregistrée ces dernières années. Après une baisse enregistrée dans les années 1980 et 1990, la fécondité est passée de 2,4 enfants à 3,1 enfants par femme. L'étude du département ministériel de Mokhtar Hasbellaoui suppose que la population algérienne serait de l'ordre de 72,4 millions d'habitants en 2050, contre 42 millions actuellement. Pour éviter à l'Algérie un baby-boom explosif, l'étude préconise alors de baisser le niveau de fécondité autour de 2,1 enfants par femme, pour atteindre une population de 62 millions d'habitants. Ce taux garantit, dit-on, un niveau correct de renouvellement des générations. Pour les promoteurs de l'étude, une réduction de la fécondité "permettrait un allégement des charges liées à la santé, à l'éducation..., ce qui devrait être mis à profit pour aller vers un avenir plus prospère où tous les citoyens sont autonomes, capables de réaliser pleinement leur potentiel et de vivre en toute satisfaction et en bonne santé". Autrement dit, la réduction de fécondité permettrait de "tirer pleinement profit du dividende démographique au cours de années 2017-2050". Cette analyse étayée par des statistiques donne l'alerte quant à la déflagration démographique. Les auteurs de l'étude suggère la relance du e-programme national de planification familiale, et ce, pour faire face à l'augmentation de la natalité et de la population. "Ce programme reste le principal instrument pour réduire la fécondité des couples en répondant, notamment, aux besoins non satisfaits estimés à 7% et promouvoir les méthodes modernes efficaces et adaptées à chaque femme en privilégiant les méthodes des longues durées d'action." Néanmoins, il faut savoir que la planification familiale, qui se trouve actuellement intégrée dans l'ensemble des structures de santé de proximité entre 337 centres de planification familiale (dont 36% offrent au moins 3 méthodes de contraception), 1 528 polycliniques et 1 342 salles de soins, fait ressortir une prévalence totale de l'ordre de 57% dont 48% des méthodes modernes. L'étude révèle plus loin que les écarts, selon le milieu de résidence, qui se situaient à 11 points à la fin des années 80, et le niveau socioculturel, "ne sont plus significatifs" et que la planification familiale concerne autant les couples résidant en milieu urbain que ceux en milieu rural (57,7% contre 56,1% en 2013). Par ailleurs, la même étude fait ressortir que le taux de mortalité infantile, soit le nombre de décès survenant au cours de la première année de vie, a baissé à 21 pour 1 000 naissances vivantes en 2017, contre 36,9 pour mille en l'an 2000. Quant au taux de mortalité maternelle, il a été ramené de 117,4 pour 100 000 naissances vivantes en 1999 à 57,7 en 2016. L'espérance de vie à la naissance, c'est-à-dire le nombre d'années qu'une personne peut s'attendre à vivre dans un pays donné si elle est soumise aux conditions de mortalité en vigueur au moment de sa naissance, est passée de 72,5 années en 2000 à 77,6 années en 2017. Hanafi H.