La députée du Rassemblement patriotique républicain (RPR) de la wilaya de Béjaïa, Zina Ikhlef, dénonce, encore une fois, "la gestion catastrophique" du centre hospitalo-universitaire (CHU) Khelil-Amrane. Elle interpelle le ministre de la Santé sur la situation "dramatique" que vit cet établissement hospitalier, dont les structures sont quasiment paralysées par une grève illimitée déclenchée depuis lundi dernier par les syndicalistes de l'UGTA. "M. Hasbellaoui doit intervenir en urgence en vue de mettre un terme à la gabegie qui règne au sein de l'administration du CHU de Béjaïa. Nous attendons avec impatience la suite à donner au rapport accablant de la commission d'enquête qu'il a, lui-même, diligentée, il y a plus d'un mois", fulmine la parlementaire de Béjaïa qui s'est présentée, ce week-end, à notre rédaction régionale. Mme Ikhlef, qui est membre de la commission santé de l'APN, tient à préciser que c'est suite à sa rencontre avec M. Hasbellaoui, qui l'a reçue dans son bureau, que ce dernier a décidé de dépêcher deux inspecteurs pour enquêter sur la gestion du CHU de Béjaïa. "La goutte qui a fait déborder le vase est le cas d'un cancéreux de Béjaïa qui n'avait même pas trouvé d'écho favorable à son appel de détresse, lui qui ne cherchait qu'à apaiser ses douleurs atroces. Refoulé des urgences du CHU Khelil-Amrane, le patient a pu être hospitalisé au CHU de Tizi Ouzou suite à mon intervention auprès de l'actuel ministre de la Santé. Mais malheureusement, il rendra l'âme quelques jours après son hospitalisation", relate la députée du RPR à Béjaïa. Dressant un sévère réquisitoire contre la gestion du directeur général du CHU de Béjaïa, notre interlocutrice accuse ce dernier d'"encourager la fuite des compétences", citant, à titre d'exemple, le départ de certains professeurs en médecine, et non des moindres, à l'image du Pr Zoubir Kara, l'actuel chef de service orthopédie-traumatologie du CHU Mustapha-Pacha d'Alger. "On a constaté que même le matériel médical acquis avec l'argent du contribuable a été prêté en catimini aux établissements privés !", accuse-t-elle. Par ailleurs, Mme Ikhlef reproche au premier responsable du CHU Khelil-Amrane d'avoir "brisé au moins quatre services vitaux, à savoir les urgences, la réanimation, la chirurgie générale et l'ophtalmologie". Contacté par nos soins, le professeur Abdelmalek Danoune, DG du CHU de Béjaïa, rejette en bloc ces accusations et se défend. "En dépit des contraintes rencontrées sur le terrain, particulièrement l'absence de structures adéquates, faute d'espace, ainsi que le manque criant de ressources humaines, notamment le corps paramédical et les radiologues, nous n'avons fait que faire avancer les choses et nous continuons à œuvrer pour l'amélioration de la qualité des soins afin de soulager nos patients", dira-t-il, avant d'ajouter qu'"en l'espace de cinq ans, nous sommes passés de 2 professeurs chefs de service à 18. En plus, nous sommes en passe d'engager de nouvelles recrues. Grâce au concours de notre ministère de tutelle, nous avons réussi à doter notre jeune CHU d'un service de cardiologie interventionnelle qui constitue un grand acquis pour la population de la région". Le DG du CHU ajoute qu'"il nous manquera des radiologues pour faire face aux besoins de nos structures. Car, actuellement, nous n'avons qu'une seule radiologue, venue de Tamanrasset". Sur un autre registre, le DG du CHU de Béjaïa reconnaît l'existence de dysfonctionnements dans certains services hospitaliers, particulièrement au niveau de la chirurgie générale, où le chef de service, en voulant prioriser la prise en charge des patients souffrant de maladies lourdes (cancers digestifs), a fini par laisser en stand-by plus de 300 malades qui attendent d'être opérés. C'est le cas aussi du service ophtalmologie qui ne fonctionne aujourd'hui qu'avec un seul médecin spécialiste. "Le responsable du service ophtalmologie a chassé toutes les compétences. Pas moins de huit brillants ophtalmologues sont déjà partis à cause de sa gestion. Alors que plus de 400 cas de cataracte devraient être opérés par ce service", regrette le Pr Danoune qui déplore le manque de sages-femmes à la clinique mère-enfant de Targa Ouzemour. "Imaginez-vous que les quatre services de gynécologie-obstétrique de notre EHS, qui enregistre une moyenne de 45 accouchements par jour, fonctionnent avec 32 sages-femmes seulement." Kamel Ouhnia