"Le Président n'a pas encore répondu." Une raison pour Ould Abbes d'embrayer autrement et de justifier sa reculade sur le 5e mandat. Pour la première fois depuis des années, Djamel Ould Abbes reconnaît, publiquement, que le président de la République n'a pas encore décidé de se porter candidat ou pas à la prochaine élection présidentielle. Lors d'une rencontre tenue hier à Aïn Defla, Djamel Ould Abbes a demandé aux militants de son parti de se préparer à toute éventualité pour la candidature de Bouteflika à la présidentielle de 2019. Si le thème de la rencontre d'hier était d'abord organique, puisqu'il s'agit de restructurer un parti trouvé dans "une situation lamentable" en 2016, Djamel Ould Abbes en a profité pour donner une nouvelle orientation à son action. Cela commence par la préparation de l'élection présidentielle. L'homme qui jurait il y a quelques mois que le prochain président ne sera issu que du FLN, croit désormais à un "candidat du consensus", même s'il confirme sa préférence pour Abdelaziz Bouteflika. "Si Bouteflika décide de se présenter, nous allons le soutenir et faire sa campagne. S'il prend une autre décision, nous allons l'appliquer parce que nous ne voulons pas d'un saut dans l'inconnu après 2019...", a-t-il dit devant une salle surchauffée, composée de cadres de son parti venus d'Aïn Defla, Médéa, Tipaza et Chlef. "En 2019, beaucoup de défis attendent notre pays, à commencer par l'après-pétrole. Heureusement que nous avons des institutions fortes", a ajouté le patron du FLN. "Nous avons reçu des demandes de certains partis pour constituer des alliances autour du président de la République. Nous avons répondu que le temps des alliances est révolu. Nous ne sommes qu'un parti parmi tant d'autres, même si nous étions les premiers à demander au président Bouteflika de poursuivre sa mission." "Que les choses soient claires pour tout le monde, le FLN n'a le monopole de rien du tout. Nous sommes un parti comme les autres. Nous sommes partenaires avec les autres partis, et nous travaillons pour un candidat du consensus", a-t-il ajouté, devant une salle circonspecte. Interrogé par Liberté pour savoir si le président de la République a décidé de se porter candidat ou pas à l'élection présidentielle, Ould Abbes n'a répondu que par "non". "Nous avons saisi le président de la République par un long courrier avec les motions (de soutien) des 48 wilayas et des 120 mouhafedhs, au nom des 700 000 adhérents, pour exprimer le souhait de toute la base militante de voir le Président poursuivre sa mission à la tête de l'Etat. Le courrier est chez lui, le dernier mot lui revient. Il n'a pas encore répondu. Quand il répondra, on vous appellera et on vous le dira. Vous savez que je suis le copain des journalistes...", a-t-il encore ajouté, un tantinet plaisantin. Aux journalistes qui lui ont demandé de savoir si le chef de l'Etat se "portera candidat" ou pas, Ould Abbes a refusé d'évoquer le nombre de mandats. Devant les militants de son parti, il a utilisé le mot "poursuite de l'œuvre". Il l'a répété lors d'une conférence de presse qui a suivi le meeting. "J'ai passé une semaine à réfléchir pour trouver cette formule. Il ne faut pas parler de candidature mais de poursuite de la mission. Il faut saisir la nuance", a-t-il précisé. Le secrétaire général du FLN rejoint ainsi les autres partis et personnalités politiques qui n'évoquent plus de "5e mandat", mais qui parlent désormais de "poursuite de la mission" de Bouteflika à la tête de l'Etat. Par ailleurs, Ould Abbes exclut toute autre candidature de cadres du FLN. "Au FLN, nous présentons un seul candidat. Celui qui veut mettre le burnous du FLN pour nous faire le coup comme en 2004, c'est fini ! J'ai entendu que dans une wilaya, pas loin d'ici, l'un d'eux a présenté à un groupe, le futur président de la République. La présidence de la République n'est pas un bien vacant. Elle n'est pas un Souk El- Fellah ni un Prisunic", a-t-il indiqué. Ould Abbes, qui fait ainsi le parallèle avec la candidature d'Ali Benflis en 2004, évoque vraisemblablement Abdelaziz Belkhadem qui multiplie les contacts, ces derniers temps, à l'intérieur du pays. Ali Boukhlef