Lors d'une conférence de presse donnée hier matin à Alger, Hacène Metref, directeur de "Raconte-Arts", est revenu sur les grandes lignes de cette édition qui se tient du 19 au 26 juillet à Tiferdoud, et a annoncé entre autres que le festival n'a reçu aucune subvention depuis les cinq dernières années. Après avoir fait escale au village d'Ath Waâvane en 2017 où pas moins de 50 000 personnes se sont donné rendez-vous pour une semaine d'échange et de partage dans les différents domaines culturels et artistiques, le festival itinérant "Raconte-Arts" trouve "refuge" cette année au village Tiferdoud, du 19 au 26 juillet. À cet effet, Hacène Metref, fondateur et directeur de cette manifestation, et Mohamed Salem Sadali, coordinateur du comité de préparation au village Tiferdoud, ont animé une conférence de presse dans la matinée d'hier au siège de l'association RAJ (Alger). Cette rencontre qui a vu, entre autres, la présence d'habitués du festival fut une occasion pour les conférenciers de revenir sur les grandes lignes de cette édition ainsi que sur son impact sur les villages hôtes. "Quand nous avons lancé le festival en 2004, nous ne pensions pas que l'évènement allait prendre autant d'ampleur", a lancé d'emblée Metref. Et de poursuivre : "Cette manifestation devient phénoménale et les moyens ne suivent pas (habitations). À cet effet, nous essayons de trouver des solutions." Concernant le lieu de l'événement de cette année, culminant à 1700 m d'altitude, Tiferdoud est un "petit" village de 1600 habitants. "Le vieux village est petit mais étalé sur deux kilomètres. Alors, nous avons exploité ces espaces-là pour faire en sorte que le public ne soit pas seulement concentré sur le vieux village", a expliqué le directeur du festival. Par rapport à l'affluence du public, il a indiqué que "nous sommes assez angoissés car j'ai peur qu'un jour Raconte-Arts soit victime de son succès. Pour cette édition, nous avons 400 participants, et si chacun ramène un ami, on passera au double. Et le village n'a pas les mêmes potentialités que l'an dernier pour l'hébergement des visiteurs". Sur cette situation qui risque de mettre fin à cet évènement, Metref a souligné que "sur le terrain, j'ai perdu le contrôle de la machine. Les jeunes ont soif de culture et nous ne pouvons leur retirer cela. Nous essayons de faire avec ! L'aventure continuera mais un jour elle devra s'arrêter". Et de renchérir : "Je ne pense pas que ‘Raconte-arts' soit un festival qui s'installera dans la durée mais le jour où il devra s'arrêter il aura laissé son empreinte." Le coordinateur du comité de préparation au village Tiferdoud (élu village le plus propre), M. Sadali, a précisé que cet évènement sera une "belle rencontre" qui marquera les habitants, et permettra aussi de rebooster le tourisme culturel, redonner des couleurs à ces régions, mais surtout de "combattre l'extrémisme". Car la culture et l'art sont un "bouclier" contre ces idées. Au sujet de l'organisation, il a annoncé que plusieurs maisons ont été rénovées pour accueillir les invités et permettre la réussite de la manifestation. Et de concéder : "Mais nous ne pouvons pas prendre en charge tout le monde. La priorité est aux participants, car c'est un festival populaire et il faut préserver cet esprit. Il faut d'abord penser au festival !" Questionné sur la possibilité d'organiser Raconte-Arts seulement dans des villages ayant la capacité d'accueillir du monde, Metref a répondu catégoriquement que "le premier objectif est d'aller vers la simplicité des villages de Kabylie, ce n'est pas aux villageois de s'adapter au festival mais l'inverse !". À propos d'aides financières, le conférencier a informé que "depuis 5 ans, nous n'avons reçu aucune subvention de l'Etat". Une triste réalité, alors que cette manifestation louable a réussi à réunir des milliers d'Algériens à construire, à rêver et à partager des moments purement culturels dans l'harmonie ! Pour la programmation, ce festival multidisciplinaire verra la participation d'artistes de 24 wilayas ainsi que d'une douzaine de pays étrangers, notamment la Tunisie, le Maroc, le Congo... qui durant une semaine animeront des spectacles de rue, des expositions, des projections, des rencontres et bien d'autres activités. Hana Menasria