Cette situation difficile n'a pas laissé indifférent le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine qui sollicite l'intervention en urgence du ministère de la Santé. Au moins 150 médicaments sont en rupture sur le marché national depuis plusieurs mois. Les malades, notamment ceux atteints de maladies chroniques, souffrent de cette pénurie avec toutes ses conséquences sur leur état de santé. Les pharmacies d'officine subissent elles-aussi de plein fouet ce manque flagrant de produits pharmaceutiques selon diverses classes thérapeutiques. Plus de 5 000 pharmaciens sont au bord de l'asphyxie à cause de cette nouvelle donne apparue dans le secteur. Le déficit a touché même les hôpitaux, d'autant plus que les malades n'y trouvent pas de médicaments qui leur sont prescrits. Les médecins sont contraints de prescrire des médicaments de substitution à leurs patients afin de les calmer. Leurs familles recourent en toute logique aux pharmacies. Or, même ces dernières ne peuvent plus couvrir leurs besoins. Certes, ce n'est pas l'avis du DG de la Pharmacie centrale qui a récusé toute crise de médicaments dans notre pays. Pour lui, des stocks de sécurité de 6 mois ont été constitués. Cette situation difficile n'a pas laissé indifférent le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo), qui sollicite l'intervention en urgence du ministère de la Santé. Le Snapo demande, en fait, à la tutelle d'organiser, dans l'immédiat, une réunion de la cellule de veille avec tous les acteurs concernés, afin de trouver la ou les solutions idoines à cette problématique. Selon ce syndicat, tous les indicateurs montrent que le marché vit actuellement une crise, puisque près de 150 médicaments fabriqués localement ou importés ne sont pas disponibles. Ce qui a facilité l'émergence du médicament dit du "cabas". Si pour les plus aisés, cette alternative s'avère salutaire, les patients aux bourses moyennes, en revanche, ne peuvent se le permettre vu les prix exorbitants pratiqués par ces revendeurs. La boîte de médicament affichée en Algérie à 500 DA, par exemple, est cédée à trois fois ou plus quand elle provient d'outre-mer ; elle vaut alors 1 500, voire 2 000 DA l'unité. Le Snapo s'interroge ainsi sur cette pénurie, alors que les autorisations des programmes d'importation de 2018 ont, d'ores et déjà, été signées. Depuis le mois de mars dernier, d'autres organisations professionnelles relevant du secteur ont signalé la rareté de plusieurs médicaments d'importance vitale comme ceux utilisés pour le traitement du cancer, du diabète, de l'hypertension artérielle, de l'asthme, ou encore ceux des traitements psychiatriques. Ces observateurs du marché avouent que rien n'a été fait pour remédier à cette situation. Ils avaient prédit que cette pénurie, constatée dans plusieurs régions du pays allait probablement s'aggraver. Ils soutiennent mordicus que la pénurie n'a aucun lien avec le problème de distribution, tel qu'avancé auparavant par la tutelle. Il est à noter que les résultats d'une étude sur la consommation des médicaments dans notre pays, commandée par l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop) à la société Immar Research & Consultancy, prouvent cette pénurie du médicament. Cette enquête indique que plus de 42% de la population font trois pharmacies et plus pour trouver leurs médicaments. B. K.