L'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop) a engagé, depuis quelques mois, une très large enquête qui vise à mieux connaître et à prendre la mesure de la réalité des habitudes de consommation des médicaments en Algérie. Cette large étude, sous forme d'enquête par sondage, qui a porté sur 2 603 interviewés, a pour objectif ,explique un communiqué de l'Unop, de "mieux appréhender les comportements des citoyens algériens en matière de consommation de médicaments et l'appréciation générale qu'ils portent sur le système national de santé". Le sondage vise, selon la même source, une "meilleure connaissance du contexte global dans lequel s'exerce la prescription du médicament et, partant, des conditions de sa dispensation, de sa consommation et du suivi du traitement". Les premiers résultats de l'enquête révèlent, a affirmé récemment le président de l'Unop, Abdelwahed Kerrar, que 52% des Algériens ont recouru à l'automédication. La phytothérapie, relève le même sondage, est, en outre, largement utilisée. "77% des personnes déclarent acheter leurs produits chez les herboristeries et seulement 12% en pharmacie", a indiqué M. Kerrar lors d'une rencontre sur le médicament tenue à Alger. Pour lui, l'automédication est une réalité dans notre pays et nécessite l'élaboration de listes précises des produits concernés et une réglementation spécifique. L'étude confiée à un professionnel de réputation internationale, la société Immar Research & Consultancy, a également pour but "d'appréhender le point de vue des personnes sondées sur des aspects aussi divers que les habitudes de consommation des médicaments, la typologie des médicaments consommés, l'image qu'ils ont des fabricants nationaux, leur attitude et leur niveau de confiance vis-à-vis des performances du système de santé..." Une chose est certaine, les conclusions finales de l'enquête sont apparemment disponibles, puisque l'Unop prévoit d'organiser, le 16 avril courant, une rencontre publique au cours de laquelle il sera procédé à leur restitution face aux autorités publiques intéressées, aux médias nationaux et à l'opinion publique. Face à cette problématique d'automédication, Abdelwahed Kerrar propose la mise en place, en collaboration avec les professionnels, d'une commission spécialisée et de définir tous les aspects liés à la pratique de l'automédication avec des dispositions réglementaires biens définies. Il est à noter que le marché de l'automédication concerne entre 1 300 à 1 500 marques de médicaments. Ce qui correspond à pas moins du tiers des médicaments inscrits à la nomenclature nationale composée d'environ 4 300 produits. Par ailleurs, la consommation des antibiotiques par les Algériens a connu une hausse ces dernières années. Selon une étude réalisée par la revue scientifique américaine Pnas, intitulée "Augmentation globale et convergence géographique dans la consommation d'antibiotiques entre 2000 et 2015", l'Algérie arrive en 5e position dans le monde, après la Turquie, la Tunisie, l'Espagne et la Grèce, en termes de consommation d'antibiotiques. Le rapport montre que la consommation quotidienne de ce type de médicaments par les Algériens est de près de 38 doses quotidiennes déterminées pour 1 000 habitants. Cette augmentation est due, avouent les experts, à la généralisation de la couverture sociale via la carte Chifa, à la multiplication des structures de santé publique et aussi à l'automédication. "La carte Chifa a permis à 37 millions d'Algériens d'avoir une assurance maladie. Du coup, le droit au remboursement", argue Messaoud Belhambri, président du Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo). B. K.