Intervenant dans une conjoncture particulière marquée par la politique protectionniste de Donald Trump, l'accord commercial entre l'UE et le Japon donne la priorité au libre-échange. L'Union européenne et le Japon ont paraphé hier à Tokyo un vaste accord de libre-échange, dont la signature qui devait intervenir quelques jours plutôt à Bruxelles, a été reportée en raison des fortes intempéries ayant frappé le pays du Soleil levant. "Nous célébrons la signature d'un accord commercial extrêmement ambitieux entre deux des plus grandes économies du monde", ont déclaré le Premier ministre japonais Shinzo Abe, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et le président du Conseil européen Donald Tusk dans un communiqué, en saluant un "jour historique". Lors d'une conférence de presse commune, les trois dirigeants ont longuement insisté sur leur rôle de porte-drapeau du libre-échange au moment, sans citer le président américain, où il fait planer sur le monde la menace d'une guerre commerciale. Le Premier ministre japonais a souligné que "la signature de cet accord de partenariat économique montre au monde la volonté politique inébranlable du Japon et de l'Union européenne de se faire les champions du libre-échange et de guider le monde dans cette direction alors que s'est répandu le protectionnisme." Lui emboîtant le pas, le président du Conseil européen Donald Tusk a ajouté : "Nous envoyons un message clair disant que nous faisons front commun contre le protectionnisme." Même son de cloche chez le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, qui a déclaré : "Nous montrons que nous sommes plus forts et mieux positionnés quand nous travaillons ensemble (...) Il n'y a pas de protection dans le protectionnisme." Cet accord est un signal face au protectionnisme prôné par le président américain, comme l'indique cette déclaration du ministre japonais de la Revitalisation économique, Toshimitsu Motegi : "À un moment où les mesures protectionnistes gagnent du terrain à travers le monde, la signature aujourd'hui de l'accord UE-Japon montrera au monde une fois de plus notre volonté politique inébranlable de promouvoir le libre-échange." Baptisé Jefta (Japan-UE free trade agreement), il porte sur une zone de libre-échange couvrant près d'un tiers du produit intérieur brut (PIB) mondial et quelque 600 millions d'habitants. Côté européen, le secteur agroalimentaire sort grand vainqueur des discussions. Au final, 85% des produits agroalimentaires de l'UE pourront entrer au Japon sans droits de douane, mais parfois à l'issue de périodes de transition. D'autres, comme le bœuf, verront les taxes imposées progressivement réduites. Le riz, un produit hautement symbolique pour les Japonais, est exclu de l'accord. Les Japonais obtiennent de leur côté un libre accès au marché européen pour leur industrie automobile, mais seulement à l'issue d'une période transitoire de plusieurs années. Merzak Tigrine