Le financement non conventionnel mis en place en septembre de l'année dernière pourrait conduire, estime l'assureur-crédit français, "à une hausse du niveau général des prix". La période de faible croissance que traverse l'Algérie commence à avoir des répercussions sur le plan social, ce qui conduit le gouvernement à poursuivre sa politique généreuse de transferts sociaux au détriment de la consolidation budgétaire, estime la compagnie française d'assurances pour le commerce extérieur (Coface), dans une mise à jour publiée récemment. Le document évoque "un risque de contestation sociale élevé". Dans son appréciation, l'assureur-crédit français constate qu'après un ralentissement marqué en 2017, "la hausse des prix du pétrole de 20% a permis à l'économie algérienne de reprendre de l'allant depuis le début de l'année". Les recettes d'exportations d'hydrocarbures ont augmenté de 19,5% en glissement annuel au cours du 1er trimestre. Cependant, les volumes exportés ont enregistré une baisse de 3% lors de la même période, rappelant le manque d'investissement dans le secteur pétrolier au cours des dernières années. "La hausse de la production gazière devrait, cependant, compenser une plus faible progression de la production de pétrole", nuance l'assureur-crédit français, pour qui la hausse des dépenses budgétaires devrait continuer d'être le principal moteur de l'activité. "Alors que l'investissement public devrait rester dynamique (construction des logements AADL, modernisation du port d'Annaba), la baisse des importations en biens d'équipement reflète un affaiblissement de l'investissement privé", analyse la Coface, qui maintient le classement de l'Algérie dans la catégorie C concernant le risque pays. Cette catégorie concerne les pays dont les perspectives économiques et financières présentent des incertitudes. Pour la Coface, "le recul de l'inflation observé en début d'année 2018 devrait être temporaire, les restrictions d'importations restant nombreuses". Le financement non conventionnel mis en place en septembre pourrait conduire, estime l'assureur-crédit français, "à une hausse du niveau général des prix qui serait renforcé par la mise en place des nouvelles barrières tarifaires venant remplacer les interdictions d'importer". L'amélioration de la conjoncture pétrolière, prévoit la Coface, "devrait bénéficier aux comptes publics algériens sans pour autant que cela entraîne une contraction du déficit en 2018". L'assureur-crédit français note que les mesures de contrôle des importations combinées à une hausse des recettes d'exportation ont permis une contraction du déficit commercial de plus de 80% en glissement annuel durant le 1er trimestre 2018. "La baisse des factures d'importation est principalement imputable à une baisse des achats de biens d'équipement de 16% et des biens de consommation non alimentaire de 12%. Les importations de biens alimentaires n'ont que faiblement diminué", précise le document, indiquant que les réserves de change continuent de s'éroder, mais à un rythme moins rapide. "Les IDE en direction de l'Algérie devraient, néanmoins, s'accroître. Le gouvernement vise, en effet, à augmenter l'attractivité du secteur pétrolier en proposant une nouvelle loi d'investissement et Sonatrach a signé différents accords allant dans ce sens", ajoute la Coface. Sur le plan politique, la Coface évoque une certaine instabilité. "Les remaniements gouvernementaux se sont succédé en 2017, le dernier en date étant le limogeage d'Abdelmadjid Tebboune au profit d'Ahmed Ouyahia, Premier ministre pour la quatrième fois sous l'ère du président Bouteflika", note l'assureur-crédit. L'organisme français indique que "la classe politique se prépare également à l'échéance présidentielle de 2019", ajoutant que "le président Bouteflika, en fonction depuis 1999, n'a pas encore annoncé sa candidature". Meziane Rabhi