Le ministre des Travaux publics et des Transports, Abdelghani Zaâlane, interrogé, mardi, en marge de sa visite dans la wilaya de Jijel, sur la décision scandaleuse de la direction du port de Skikda de confisquer les équipements industriels importés par Cevital, après leur dédouanement et leur sortie de l'enceinte portuaire, a botté en touche. Mais par ce qu'il a affirmé, il confirme, si besoin était, que l'arbitraire commis, cette fois-ci de manière encore plus vulgaire, contre le groupe Cevital, est ordonné par une force occulte devant laquelle son autorité est impuissante, voire obéissante. "Il y a des instances qui veillent à la réglementation, et vous devez savoir que l'entreprise portuaire est un domaine public basé sur le principe des trois i : inaliénable, imprescriptible et insaisissable. Ces trois éléments sont les caractéristiques du domaine portuaire", a-t-il dit dans une tentative malheureuse d'éluder la vraie question. Tentative malheureuse, parce que ce qu'il ajoute l'accable plus qu'il ne le tire d'affaire : "Il y a des entreprises qui gèrent les ports en toute liberté. Ce n'est pas le ministre, nous travaillons sur les grands axes de développement." Sur cette liberté qu'auraient les entreprises qui gèrent les ports, il est très aisé d'apporter la contradiction à M. Zaâlane. Nul besoin de grande expertise, en effet, pour relever que les entreprises portuaires ne gèrent pas en toute liberté. Que, bien au contraire, et cela est une réalité tangible, il arrive qu'elles obéissent à des injonctions venues d'ailleurs, comme c'est le cas dans l'affaire qui nous intéresse. Des injonctions qui, parfois, si ce n'est souvent, ne viennent pas de la tutelle directe, en l'espèce le ministère des Transports. Car quand la direction du port de Skikda a agi en toute liberté, et dans le respect de la réglementation, elle a bel et bien libéré l'équipement importé par Cevital. La preuve, au demeurant, est dans la correspondance du P-DG du port de Skikka au DG du complexe Cevital de Béjaïa et, par laquelle, il l'informe que l'importation des équipements, aujourd'hui saisis, "n'a pas reçu l'aval des autorités compétentes". Il y a lieu tout aussi de relever qu'il n'y a pas de liberté dès lors que l'acte de gestion est soumis à l'aval préalable de "l'autorité". Une "autorité" qui, dans cette affaire Cevital, n'est pas le ministère des Transports, puisque Zaâlane n'assume pas la décision de la direction du port de Skikda. Ce qui est grave. Car un ministre de la République, ça assume ou ça démissionne ! Sofiane Aït Iflis