Aucun argument réglementaire valable n'a été opposé au projet de Cevital, à ce jour. En revanche, démonstration a été faite que c'est l'ex-directeur général de l'EPB qui a foulé aux pieds la réglementation en empêchant le déchargement des équipements importés par Cevital pour son projet. En visite de travail, hier, dans la wilaya de Béjaïa, le ministre des Travaux publics et des Transports, Abdelghani Zaâlane, a, encore une fois, éludé la lancinante question du blocage des équipements industriels de Cevital par l'Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB), depuis mars 2017. Interrogé par un confrère de la presse écrite, lors du point de presse qu'il a donné en début d'après-midi dans l'enceinte de la nouvelle gare maritime de Béjaïa, M. Zaâlane n'a pas dérogé à la règle, puisqu'il a "noyé" sa réponse dans un flot de généralités et de lieux communs, comme pour éviter d'aborder un sujet pour le moins "fâcheux". "Le domaine portuaire obéit à une réglementation spécifique. Du coup, pour exploiter ces espaces publics, tout projet d'investissement doit répondre à des critères énoncés par les textes de loi en vigueur", s'est-il contenté de dire, avant de clore son point de presse, laissant les journalistes sur leur faim. Il faut noter qu'en la matière, aucun argument réglementaire valable n'a été opposé au projet de Cevital. Mieux, il a été démontré, à maintes reprises, que c'est bel et bien l'ex-directeur général de l'EPB, Djelloul Achour, qui a foulé aux pieds la réglementation en empêchant le déchargement des équipements importés par Cevital pour son projet. Il est utile de souligner, à ce titre, que 56 containers de matériel appartenant à Cevital restent à ce jour bloqués et pris en "otage" au niveau du port de Béjaïa, outre les équipements empêchés de déchargement et refoulés en violation de la réglementation. De même, il est de notoriété publique que le projet d'usine de trituration de graines oléagineuses est prévu dans un terrain situé en dehors de l'enceinte portuaire et qu'il ne saurait, donc, être concerné par la "réglementation spécifique" au domaine portuaire évoquée par le ministre. La députée du Rassemblement patriotique républicain (RPR), Zina Ikhlef, présente lors de cette visite ministérielle, déclare : "On ne peut s'attendre à une solution de la part d'un membre du gouvernement dont le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, n'a pas encore daigné répondre au groupe de parlementaires qui l'ont saisi officiellement, l'année dernière, sur le dossier de Cevital." Autrement dit, l'affaire de blocage injustifié du projet de Cevital à Béjaïa dépasse largement les prérogatives du ministre qui n'en est pas, d'ailleurs, à sa première dérobade En effet, lors de sa tournée béjaouie le 9 octobre 2017, ce ministre des Travaux publics et des Transports avait dû esquiver cette même question de blocage du projet de Cevital à Béjaïa, allant jusqu'à écourter son programme de visite pour ne pas rencontrer des citoyens venus lui faire part de leurs interrogations et de leur inquiétude quant à cette situation qui prend en otage l'avenir socioéconomique de toute une région d'Algérie. Par ailleurs, il est à signaler que l'hôte de la ville des Hammadites a procédé, hier, à l'inauguration "symbolique" de deux équipements publics relevant de son secteur, à savoir, l'échangeur des Quatre-Chemins et la gare maritime de Béjaïa, tous deux mis en service à l'occasion de l'ouverture de la saison estivale 2018. Si la consistance du projet de l'échangeur des Quatre-Chemins est présentée par le directeur des travaux publics (DTP) de Béjaïa, la nouvelle infrastructure du port de Béjaïa a fait l'objet d'une projection pour accompagner l'exposé oral présenté par l'ex-directeur général de l'EPB, Djelloul Achour, promu récemment au poste de P-DG du groupe public services portuaires (Serports). Notons que dans la matinée d'hier, le ministre Zaâlane a eu à inspecter le point noir du grand chantier de la pénétrante autoroutière devant relier le port de Béjaïa à l'autoroute Est-Ouest, à savoir les deux tunnels de Sidi Aïch, dont le taux d'avancement des travaux est estimé à 57%. "Le projet de la pénétrante autoroutière de Béjaïa ne souffre pas de problème financier. Nous avons réglé toutes les situations de travaux de l'entreprise chinoise en charge de la réalisation de ce projet structurant", a déclaré à la presse M. Zaâlane depuis le chantier de Sidi-Aïch. Selon lui, la seule contrainte qui reste à surmonter est le manque flagrant d'approvisionnement en agrégats. À cela, s'ajoutent les quelques oppositions de citoyens dans certaines localités. À ce titre, le ministre des Travaux publics lance un appel solennel aux élus locaux et nationaux de la wilaya de Béjaïa pour qu'ils s'impliquent davantage dans la sensibilisation des citoyens qui bloquent l'achèvement du projet. Sauf que ces mêmes élus locaux tentent encore, en vain, de sensibiliser M. Zaâlane et son gouvernement pour qu'ils mettent fin au blocage de l'autre projet, celui de Cevital en l'occurrence, dont l'importance est également évidente. KAMAL OUHNIA